Station Eleven, roman post-apocalyptique

emily-saint-john-mandel-station-eleven-liseuses-de-bordeauxStation Eleven d’Emily Saint John Mandel est un roman post-apocalyptique qui m’a fait passer un bon moment, bien que je ne sois pas familière du genre.

Station Eleven commence par une fin spectaculaire : la mort sur scène d’un acteur – Arthur Leander – interprétant le Roi Lear. Un secouriste – Jeevan Chaundhary – monte sur scène pour lui porter les premiers secours, sous les yeux d’une fillette de huit ans – Kirsten Raymonde – actrice au rôle muet. Les trois personnages principaux du roman sont réunis dans cette scène, juste avant qu’une catastrophe beaucoup plus grande chamboule l’ordre du monde : une épidémie de grippe décime la population et impose une réorganisation de la société.

Je n’en dirai pas plus sur les liens entre les personnages, habilement mis à jour par Emily Saint John Mandel au cours du roman et qui en constituent la réussite. Elle est ce que les anglo-saxons nomment une storyteller : plus que l’intérêt pour l’histoire qui est sans grande surprise, c’est l’envie d’en savoir plus sur les personnages et leurs liens qui m’a tenue en haleine. L’auteure promène le lecteur entre présent et passé, distille les indices, croise les destins… et j’ai tourné les pages !

Vingt ans après que l’épidémie de grippe a frappé le monde, Kirsten sillonne la région des Grands Lacs, entre ce qui fut le Canada et les États-Unis, avec une troupe de théâtre itinérante. Elle conserve précieusement quelques objets du passé : deux numéros d’une mystérieuse bande dessinée, Station Eleven, et quelques tabloïds parlant d’Arthur Leander … Elle s’interroge souvent sur le passé, le monde d’avant la grippe. La question du souvenir, de la mémoire est un thème fort de ce roman qui est finalement assez peu violent : il offre une réflexion sur notre monde. Qu’en restera-t-il ? Que restera-t-il de tous ces objets ?

L’âge adulte est peuplé de fantômes […] Ces gens qui se sont retrouvés dans une vie au lieu d’une autre et qui en sont infiniment déçus.

Emily Saint John Mandel va plus loin et s’interroge sur le bonheur. Car « Survivre ne suffit pas » comme l’indique le leitmotiv de la troupe de théâtre, repris de Star Trek quand la troupe ne joue que du Shakespeare. Mélange de genre audacieux qui reflète la diversité de culture dont a besoin un être humain pour comprendre le monde dans lequel il vit. Si la réflexion sur l’art, la culture et le souvenir sont au cœur de Station Eleven, c’est que l’effondrement qui y est décrit paralyse le monde mais ne le détruit pas. L’humanité survit en groupes civilisés, organisés et le besoin de prendre du recul avec l’art est indissociable de la vie humaine.

Il me semble que ce roman pêche sur un point : le désastre post-apocalyptique ne se répercute pas complètement sur la façon de parler ou le comportement des personnages qui agissent comme s’ils vivaient dans le monde d’aujourd’hui.

Emily Saint John Mandel sera au festival America de Vincennes (8-11 septembre 2016) : http://www.festival-america.org/les-auteurs/emily-saint-john-mandel.html?nav=pays&filtre=États-Unis

Florence, 24 août 2016

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