Les évaporés

Les evaporés, de Thomas B ReverdyA tous ceux qui s’intéressent au Japon, à ceux que la survivance de traditions millénaires dans un pays à l’économie libérale et mondialisée fascine, le livre de Thomas Reverdy offre de nombreuses pistes de réflexion très instructives.

Mais, et son auteur l’affirme dans une interview donnée à des lecteurs, ce n’est pas un livre sur l’archipel nippon, même si le lecteur se voit projeté au cœur du Japon actuel, déstabilisé par le tsunami et la catastrophe de Fukushima, dont la présentation est très bien documentée.

Plusieurs récits s’entrecroisent en effet dans ce roman : c’est en même temps une histoire d’amour, le récit d’une quête existentielle où les thèmes de la fuite, du choix, de la lutte pour la survie sont récurrents, un roman policier avec pour décor un pays aux prises avec les conséquences d’une double catastrophe, naturelle et nucléaire.Lire la suite »

La dernière femme de Monique Lachaux

Voilà publié un premier roman de Monique Lachaux, Bordelaise qui s’est beaucoup exercée à la poésie. Elle vient nous offrir une riche histoire, dans le champ d’une science-fiction pas très lointaine de ce que l’on pourrait imaginer de nos vies, dans une futur très proche…

Plus utopiste que dystopique, le récit nous plonge dans un univers pensé et construit par des hommes, univers dicté par les règles de la consommation, du profit, de la technologie et au mépris du vivant.

L’histoire se déplie sur treize journées, opération de survie suite à une catastrophe planétaire sans précédent…. Eva, chercheur en biologie, a longtemps cultivé un jardin secret, « son île », petit recoin de terre où elle veille sur la biodiversité autant que sur sa propre échappée d’un monde noirci par les pollutions humaines.

Eva pourrait-elle être la dernière femme de cette planète ? Comment la vie et une petite communauté se tissent-elles à partir de valeurs de partage, de respect, de fraternité, et d’une veille attentive sur l’équilibre entre l’homme et la nature ?

On peut lire cette histoire comme un conte poétique, féministe et écologique.

Un beau roman, fluide, une aventure comme une robinsonnade, que vous ne lâcherez pas… une fois le livre commencé.

Laetitia, septembre 2019

Le mur invisible

Si je devais choisir des livres pour l’originalité de leur propos, Le mur invisible ferait sans nul doute partie de ma sélection. Ecrit en 1963 par Marlen Haushofer (1920-1970), ce roman est un chef d’œuvre insolite d’une étonnante modernité.

Le propos. Alors qu’elle passe un séjour enchanteur dans les Alpes autrichiennes, une femme se retrouve isolée dans un chalet. Durant la nuit, un phénomène étrange est apparu, bouleversant à jamais son existence : un mur transparent se dresse désormais à proximité de la propriété, la séparant du reste du monde. De l’autre côté du mur invisible, la vie s’est figée. Que va-t-elle devenir ? Comment va-t-elle survivre ?

Une héroïne forte. Alors que beaucoup auraient baissé les bras, soupiré à fendre l’âme, soufflé dans leurs joues, pleuré et re-pleuré de désespoir, cette femme fait le choix d’affronter sa nouvelle condition, de survivre coûte que coûte. Rien que cela. Entourée d’animaux dont elle a désormais la charge, elle garde au fond d’elle-même un espoir ténu qui la fait tenir debout : si elle est vivante, d’autres doivent également l’être, quelque part, et peut-être sont-ils déjà partis à sa recherche.

Un cadre enchanteur, une héroïne forte, une dose d’espoir qui fait vivre… Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman une expérience de lecture hors du commun. Ce livre n’appartient certainement pas à la catégorie des feel good books, mais il a l’avantage d’être profondément humain.

Marisa, 24 janvier 2018

Station Eleven, roman post-apocalyptique

emily-saint-john-mandel-station-eleven-liseuses-de-bordeauxStation Eleven d’Emily Saint John Mandel est un roman post-apocalyptique qui m’a fait passer un bon moment, bien que je ne sois pas familière du genre.

Station Eleven commence par une fin spectaculaire : la mort sur scène d’un acteur – Arthur Leander – interprétant le Roi Lear. Un secouriste – Jeevan Chaundhary – monte sur scène pour lui porter les premiers secours, sous les yeux d’une fillette de huit ans – Kirsten Raymonde – actrice au rôle muet. Les trois personnages principaux du roman sont réunis dans cette scène, juste avant qu’une catastrophe beaucoup plus grande chamboule l’ordre du monde : une épidémie de grippe décime la population et impose une réorganisation de la société.Lire la suite »