
Ceux que je suis d’Olivier Dorchamps

Professeur stagiaire en Seine-Saint-Denis, Mourad nous raconte son histoire familiale et professionnelle. C’est avec un humour décalé et un certain cynisme que ce garçon réservé partage ses pensées : sur sa mère qui est une « pieuvre aussi aimante qu’envahissante » ; sur sa sœur Dounia, partie très jeune de la maison familiale pour devenir avocate et militante. Une grande partie du roman tourne autour de ces deux femmes au caractère bien trempé que tout semble opposer. Il y a aussi le cousin Miloud qui vit aux frais de la princesse (princesse liftée de 30 ans son aînée).
Je ne vous ferai pas le détail de tous les personnages du roman, mais ils sont tous dépeints de façon très réaliste, autant pour la famille de Mourad que les enseignants ou les élèves qu’il côtoie. Faïza Guène m’a accrochée par son écriture moderne, ses paragraphes courts et incisifs. Même les titres des chapitres sont des trouvailles toujours bien senties. Mais derrière cet humour se cache une tendresse (notamment pour le personnage du père de famille Abdelkader surnommé « le padre ») et une profondeur lorsqu’elle aborde des sujets sensibles. Je vous conseille d’ailleurs le chapitre « Le syndrome de Babar » qui est à la fois croustillant et bourré de vérités sur les sujets toujours aussi controversés du port du voile à l’école et de la laïcité.
Je ne dirais qu’un mot : Bravo Faïza. Je vous ai connue grâce aux podcasts de Lauren Bastide (La poudre). Je vais donc me jeter sur Millenium Blues et si j’en crois Instagram, le prochain roman devrait sortir en 2020.
Quelques extraits :
J’aurais aimé entendre la voix froide de cette femme automatique dire : « Pour re-com-men-cer vo-tre vie et re-par-tir de zé-ro, ta-pez 4. » Alors j’aurais tapé 4, et la même voix aurait ajouté en riant : « Hé hé hé, a-bru-ti, per-sonne ne re-part ja-mais de zé-ro, pas même les A-ra-bes qui l’ont pour-tant in-ven-té, comme di-rait le pa-dre… »
Page 47, tu as écrit : « je ne suis pas faite pour être soumise »
Nous sommes tous soumis, qu’on le veuille ou non. Il y a ceux qui se soumettent à Dieu, dans une soumission totale et visible. D’autres, malgré eux se soumettent aux lois des marchés financiers, aux diktats de la mode, ou à l’être aimé.
Pour aller plus loin :
Podcast de l’émission La poudre avec Faïza Guène
Babeth, 12 novembre 2019
« Paris, pour moi, est semé de fantômes, aussi nombreux que les stations de métro et tous leurs points lumineux, quand il vous arrivait d’appuyer sur les boutons du tableau de correspondances. »
Où s’en vont les visages et les voix des personnes rencontrées dans le passé, lorsqu’elles sont hapées dans le gouffre de l’oubli ?
Inlassablement, Patrick Modiano continue dans Souvenirs dormants son travail d’introspection mémorielle, évoquant le Paris de sa jeunesse. Cette fois, les figures féminines refont surface, fantômes qui hantaient déjà, pour certains, les romans plus anciens de l’auteur.
Les souvenirs fugaces liés à ces femmes surgissent du néant, au détour d’une rue, exhumés devant la façade d’un immeuble, dans un café, ravivés par la lecture d’une dédicace ou d’une note griffonnée à la hâte à l’encre bleue.
Petites bulles de passé éclatant sous l’effet du hasard, ces morceaux de mémoire constituent un magnifique hommage à Paris, lui redonnant un peu de son âme perdue.
Marisa, 4 novembre 2019
Gaëlle Josse, Frédérique Deghelt et Emmanuelle Favier étaient les invitées de Lire en Poche pour une table ronde intitulée « Portraits de femmes libres ». Une rencontre passionnante racontée par Marie-France, une des modératrices.
Exofictions*, biographies romancées, portraits sensibles abondent depuis quelques années dans la production littéraire. Dans cette catégorie de roman, la frontière entre réel et fiction est toujours un peu brouillée. Toutefois, une chose est sûre, la rencontre de l’auteur contemporain avec le personnage public et plus ou moins célèbre dont il veut raconter – voire réinventer – l’histoire, dont il veut cerner au plus près le ressenti, cette rencontre n’est pas anodine. C’est une confrontation qui touche à l’intime et qui laisse des traces dans la réflexion et la sensibilité de l’écrivain.
C’est en tout cas ce qui est ressorti de l’entretien qui réunissait Gaëlle Josse, Frédérique Deghelt et Emmanuelle Favier dans le cadre du festival littéraire Lire en Poche de Gradignan.
Chacune s’est emparée de l’histoire d’une femme artiste d’une époque passée, célèbre ou méconnue de son vivant et en passe de devenir célèbre à notre époque. Lire la suite
Depuis que Peppa est venue au monde, Sal a toujours veillé sur elle, l’a soignée et même nourrie lorsque leur mère somnolait sur le sofa, abrutie par l’alcool et la drogue. Alors lorsque le compagnon de leur mère menace de s’en prendre aussi à sa petite soeur, Sal commet l’irréparable, mue par un formidable instinct de survie, et s’enfuit avec elle.
C’est au plus profond de la forêt que les deux filles trouvent refuge, unissant leurs forces pour résister et se reconstruire, jour après jour.
Là, au coeur de la vie sauvage, renaît l’espoir d’une vie meilleure et d’une existence préservée, loin des adultes défaillants.
A travers le regard de Sal, l’auteur nous happe dans un récit haletant dont il est difficile de s’extraire, de crainte d’abandonner les filles à leur sort. Au fil des page se tisse un lien profond entre le lecteur et les deux héroïnes : il tremble, espère, s’émeut pour elles et caresse l’espoir qu’elles s’en sortent, coûte que coûte.
Sal et Peppa vont-elles échapper à la violence de ce monde ? Combien de temps parviendront-elles à rester en vie ?
Un roman à découvrir de toute urgence.
Marisa, 21 octobre 2019