Berlin, 1939. Une série de meurtres viennent entacher l’image parfaite de l’Allemagne qui s’apprête à attaquer la Pologne. Des femmes tuées, saignées et vidées comme des animaux. Toutes sont des patientes du nonchalant psychanalyste Simon Kraus. Sa spécialité : l’analyse des rêves. Il enregistre ses séances, couche avec les plus belles patientes, et tant qu’à faire, les fait chanter. Les points communs des victimes : elles sont toutes des épouses de personnalités des hautes sphères nazies et elles font partie du même club mondain. Les femmes de l’Adlon font le même rêve : elles sont effrayées par un homme de marbre.

A la Gestapo, Franz Beewen est chargé de l’enquête. Il s’y connaît en meurtres mais lui est un professionnel, un assassin pragmatique et non un meurtrier cinglé. Franz est un nazi hanté par une jeunesse compliquée. Il vient d’une famille de paysans crevards. Son père a été gazé en 1917 pendant la Grande Guerre. Il en revient traumatisé et ivre de haine. En 1939, ce père devenu fou est interné à l’asile psychiatrique de Brangbo. La directrice s’appelle Minna von Hassel, une riche héritière, qui s’occupe de ses malades comme s’il s’agissait de ses propres enfants. Cette femme alcoolique qui haït ouvertement les SS va accepter d’aider Franz dans son enquête. Le gestipiste va également intégrer dans son équipe ce nabot de Simon. Ce trio improbable va trouvé un coupable, puis un autre puis découvrir que les victimes ne sont pas des coquettes superficielles inoffensives.
Jean-Christophe Grangé nous entraîne sur de fausses pistes et on se laisse à chaque fois embarquer. J’ai aimé voir évoluer les relations entre les trois acolytes. Leurs forces et leurs faiblesses, la façon dont peu à peu un attachement se met en place. Ce qui est intéressant également, c’est que l’auteur s’attaque au roman historique doublé d’un thriller. Connu pour son roman Les rivières pourpres, Grangé a travaillé les restitutions historiques, la vie berlinoise de l’époque. Comme dans beaucoup de romans policiers, l’association de faits réels à la fiction est déroutant. Cette histoire aborde le fanatisme nazi, la stérilisation des handicapés, des déments, des tsiganes, l’élimination et les procréations pour l’avenir de la race. Glaçant.
Babeth, le 25 novembre 2021