Rien ne vaut ce jour, de Jean-Marc Benedetti

Vous rappelez-vous, c’était il n’y a pas si longtemps pourtant, de ces jours de fin d’été, où les jours d’août chevauchent ceux de septembre ? La chaleur est toujours là, tout en baissant d’intensité. Les rayons du soleil ne brûlent plus, ils réchauffent. Toutefois, s’il y a l’« été » dans la fin de l’été, il y a aussi la « fin » qui commence à poindre. Un sentiment de nostalgie apparaît, peut même vous étreindre car vous sentez que ces jours-là ne dureront pas. Alors vous profitez de ces instants qui vous rendent heureux et vous les savourez d’autant plus que vous avez conscience que le froid, la grisaille et la pluie s’annoncent.

Jean-Marc Benedetti à la Machine à musique, Bordeaux, 2021

Lire le livre de Jean-Marc Benedetti, Rien ne vaut ce jour, a fait écho à cette saison que je me suis inventée. Après plusieurs romans sombres prenant pour thèmes la mort de son épouse et celui de la douleur de l’exil, Jean-Marc Benedetti s’est laissé gagner par la lumière dans son nouveau livre. Celui-ci regroupe plusieurs textes explorant l’instant de bonheur comme une bulle protectrice. Celle-ci vous rappelle que le monde et la vie peuvent être terrifiants, cruels, il existera toujours comme une pulsion de vie, une bulle de bonheur. En écrivant ces quelques mots, je pense à ce premier texte de J.M. Benedetti, décrivant le chef d’orchestre allemand Furtwängler dirigeant ses musiciens, et faisant émerger la musique, quand Berlin, tout autour, tombe sous les bombes.

L’auteur explore bien d’autres thèmes d’où peut jaillir le bonheur, dans un instant : l’enfance, la nature, le voyage, la rencontre. Même la mort peut être un contexte que l’écrivain transcende, à travers une rencontre : trouver la tombe cachée de Marie Bonaparte. Se retrouver face à la mère de la psychanalyse en s’inclinant sur sa tombe est un instant si particulier et profondément marquant. Être confronté aux limites de l’existence rappelle combien il faut profiter de sa propre vie et la savourer.

Dans l’entretien téléphonique que Jean-Marc Benedetti m’a accordé, il a précisé la différence entre la joie et le bonheur. Pour lui, la joie relève davantage de prise de décision alors que le bonheur est ce qu’il nous advient. C’est avec cette dernière conception qu’il a entrepris d’écrire l’ensemble des textes constituant le livre. De plus, leurs formes variées, nouvelles, poésies, contes, donnent la liberté au lecteur de cheminer, à sa guise, un itinéraire qu’il aura lui-même choisi. C’est une manière de résister, à toutes les horreurs quotidiennes, en s’appuyant sur notre capacité d’émerveillement.

Flâner à travers le recueil de textes constituant Rien ne vaut ce jour a été, pour moi, une balade très agréable. C’est un peu faire l’école buissonnière car je n’avais pas l’habitude de lire ce genre de livre. Enfin, j’ai beaucoup apprécié la médiation autour de son livre, mardi 9 novembre 2021, organisée à la Machine à musique. Ce moment a été particulièrement chaleureux et convivial, ponctué de lectures d’extraits. J’ai aussi pu rencontrer Jean-Marc Benedetti, un auteur solaire, épris d’un profond humanisme.

Bérengère, le 18 novembre 2021

Rien ne vaut ce jour, Jean-Marc Benedetti, 2021, Editions Passiflore

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