Et au milieu coule une rivière

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Nous avons déjà beaucoup écrit sur Ron Rash et avions déploré à l’époque qu’on ne parle pas plus de lui en France. Avec Une terre d’ombre, élu meilleur roman noir en 2014 par le magazine Lire, cet oubli est enfin réparé. Désormais, la sortie d’un de ses romans est un événement salué par la critique et l’apparition de l’auteur américain sur la plateau de La Grande Librairie, le 21 janvier dernier, constitue un preuve supplémentaire de sa consécration.

Le chant de la Tamassee, son deuxième roman, est paru en 2004 aux États-Unis. Enfin traduit en français, il vient d’être édité aux éditions du Seuil.

Dans ce roman, Maggie Glenn, la narratrice, est photographe pour un journal de Columbia. Un fait divers tragique vient d’avoir lieu dans le comté d’Oconee dont elle est originaire et elle est dépêchée sur place pour couvrir l’événement avec son collègue Allen Hemphill.

Quelques jours plus tôt, lors d’un pique-nique en famille, Ruth Kowalsky, 12 ans, se noie dans la rivière Tamassee. Malgré les tentatives répétées des plongeurs, son corps reste prisonnier du cours d’eau et ne parvient pas à être dégagé des rochers qui le retiennent. Les parents de Ruth demandent alors l’installation d’un barrage provisoire afin de détourner l’eau de la rivière et récupérer la dépouille de leur fille.

Mais cette rivière, qualifiée de « sauvage », bénéficie de la protection du Wild and Scenic Rivers Act, loi nationale interdisant toute activité risquant de perturber l’état naturel d’un cours d’eau. Préserver la Tamassee devient alors le cheval de bataille des écologistes, violemment opposés au projet de barrage amovible.

Comme toujours dans les romans de Ron Rash, la nature occupe une place centrale : la rivière Tamassee est le personnage principal autour duquel tout se joue, de la naissance à la mort. La bataille pour sa défense est d’autant plus âpre qu’il s’agit de choisir le lieu de sépulture d’une enfant de 12 ans : faut-il protéger la rivière sauvage et laisser la dépouille de l’enfant y reposer ? Faut-il enfreindre la loi pour libérer ce corps des eaux de la Tamassee et le rendre à sa famille ?

Pour Maggie comme pour d’autres personnages, ce fait divers agit comme un révélateur. En revenant sur les terres de son enfance, elle se confronte à des fantômes surgis d’un passé qu’elle n’a jamais accepté. Ce qui se joue là, au bord de la Tamassee, est aussi la remise en question de ses choix. L’heure est venue pour elle de plonger sous la surface afin d’atteindre une vérité profonde, cachée de tous, invisible pour ceux restés sur le rivage.

Un très beau roman à découvrir de toute urgence.

Marisa, 25/01/2016

2 réflexions sur “Et au milieu coule une rivière

  1. Depuis ma lecture d' »Incandescences » et d' »Une terre d’ombre », Ron Rash fait partie de mes auteurs chouchous. On voit son dernier roman partout sur les blogues, ce qui est une bonne nouvelle! Quant à moi, j’attends qu’il arrive sur nos tablettes pour mettre la main dessus.

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