Ne vous fiez pas à la couverture bleu outremer ni au titre de ce roman. Rien d’angélique dans cette histoire. En 127 pages, Laure Beaudonnet nous entraîne dans l’âme perturbée d’un enfant. C’est glaçant et incisif. Avec ce premier roman très réussi, l’auteure s’intéresse à la naissance des psychopathes. Journaliste, elle a étudié la psychologie et s’interroge sur ce qui entraîne un être à basculer pour devenir un meurtrier. La mère d’Arthur aurait préféré avoir une fille, elle a dû subvenir seule à l’éducation de son enfant et a entretenu une relation nocive avec son fils lorsqu’il était petit. Mais rien qui justifie l’engendrement d’un monstre en devenir. Laure Beaudonnet utilise la troisième personne ce qui permet de comprendre le point de vue de chaque protagoniste :
La mère : De peur de se confronter à ses propres négligences, Véronique a fini par éviter Arthur, son regard, sa présence. Au début elle se protégeait des mauvaises surprises, puis c’est devenu une habitude.
Le beau-père : Comment lui confier qu’il ressent un malaise profond au contact de cet enfant, un silence inhabituel qui noue les tripes et bloque la respiration.
ou les camarades de classe d’Arthur (des portraits d’adolescents en mal-être pleins de vérité). Cela rend cette fiction encore plus réaliste. Âme sensible s’abstenir. Arthur, un enfant devenu adolescent, qui prend plaisir à voir le sang couler ou à créer du malaise auprès des personnes qui l’entourent : c’est déroutant et malheureusement cela existe autour de nous.
Babeth, le 22 février 2023
Arthur, son ange, Laure Beaudonnet, L’échappée belle édition, 2020