Coup de cœur de la rentrée littéraire : Paris-Briançon, de Philippe Besson

Nous voici dans un train de nuit qui se dirige vers Briançon. A priori, les personnes à bord n’ont rien en commun. Serge, le VRP baratineur. Julia qui prépare des talk-shows pour la télévision. La bande d’étudiants qui part en vacances. Alexis, le médecin sensible qui vient de perdre sa mère. Victor, le joueur de hockey. Le couple de retraités qui espère pouvoir dormir. Et Giovanni.

Comment une conversation évolue quand on ne connait pas la personne en face de soi ? Elle peut être fluide et simple voire profonde si le feeling passe bien, mais les mots peuvent aussi accrocher, créer des tensions ou des silences. Car ces individus vont se croiser, parfois créer des liens très forts. A première vue, Serge a tout du dragueur à fuir. Pourtant il y a de la sincérité et de l’innocence dans son intérêt pour Julia. C’est peut être pour ça qu’elle va se confier, quitte à le mettre dans l’embarras.

Il est tellement habitué aux mots sans importance que les mots qui comptent lui font peur, il est tellement habitué à surjouer la bonne humeur qu’il n’envisage jamais de laisser filtrer ses angoisses

Qui aurait parié que Catherine, la retraitée du BHV trouverait écho à son militantisme auprès d’Enzo, le môme de 19 ans ? Et que dire des confessions d’Alexis et Victor ? Philippe Besson décrit avec justesse des individus que l’on apprend à connaître dans leur fragilité. Je suis sortie de ce livre totalement bouleversée. Il y a bien sûr cette rencontre fracassante avec Giovanni et le drame qui s’en suivra. Mais l’auteur nous touche par ses personnages qui avancent dans la vie avec leurs mensonges et leurs secrets car :

Le mensonge, parfois, est mieux que la vérité nue.

Le problème c’est que dès le début du roman, on nous dit que certains vont mourir. Or, plus nous avançons dans la lecture et plus nous nous attachons à chacun d’entre eux. Qui sera encore vivant à la fin du roman ?

Philippe Besson rend hommage aux trains de nuit et aux rencontres fortuites qui peuvent changer une vie. Merci à lui et à la maison d’édition Julliard pour cette perle de la rentrée littéraire.

Babeth, le 25 janvier 2022

Paris-Briançon, Philippe Besson, Julliard, 2022

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