Fuir l’Eden, d’Olivier Dorchamps

Fuir l’Eden : c’est ce que cherche à faire Adam. Dans cette banlieue de Londres, loin des beaux quartiers, il vit avec sa sœur Lauren et « l’autre ». C’est ainsi qu’il nomme son père. La violence et la méchanceté de l’autre, lui donnent un caractère inhumain. Pour tenir le coup dans cette cité, Adam peut compter sur ses amis : Pav le polonais et Ben, d’origine somalienne. Ils ont grandi ensemble, se protégeant mutuellement de la drogue et des embrouilles du quartier. Pour se faire un peu d’argent, Adam va faire la lecture à Claire, une vieille irlandaise aveugle. Elle va, peu à peu, devenir un pilier de sa vie. Et puis il y a cette jeune fille qu’il va croiser sur le quai de Clapham Junction. Eva est belle et lui rappelle sa mère. Il tombe amoureux et va alors se mettre en quête de la retrouver. Cette rencontre va le conduire vers un monde auquel il n’appartient pas. En se rapprochant d’Eva, tous les souvenirs d’une mère partie en les abandonnant remontent à la surface. Adam a inventé un passé à sa sœur pour lui fabriquer des souvenirs heureux. Il ferait n’importe quoi pour Lauren. Mais il est loin d’imaginer ce qu’elle sait réellement.

« A Lauren, je racontais des anecdotes construites de toutes pièces… Je traquais les traits de caractère de notre mère dont ma sœur et moi avons hérité – je renie tout de l’autre – pour en faire les prémices d’un passé fantasmé ».

Après avoir été bouleversée par le premier roman d’Olivier Dorchamps, Ceux que je suis, j’attendais avec impatience le second. C’est au salon Lire en poche de Gradignan, en octobre dernier, que j’ai rencontré cet auteur qui a bien voulu répondre à mes questions.

« Les plus belles roses sortent sur un tas de fumier »

Pour Olivier Dorchamps, parler du thème est plus important que de parler de l’histoire.

« Quand l’environnement est extrêmement dur, les gens vont avoir des réactions d’amour, d’amitié, de fraternité qui sont inconcevables dans un autre environnement. »

Dans Ceux que je suis, il voulait explorer les liens entre frères. Dans son second roman, on retrouve cet aspect multiculturel qui lui est cher mais également ce lien très fort entre un frère et une sœur. Ses deux romans sont féministes et abordent ce thème précieux : Jusqu’où peut-on aller par amour ?

« Le premier était sur une identité culturelle. Le second est sur l’identité sociale. »

Comme dans les films de Ken Loach, Olivier Dorchamps s’intéresse à la misère et au racisme en Angleterre, aux problèmes sociaux liés à la politique de ce pays.
Personnellement, j’ai également trouvé des similitudes avec le roman de Sally Rooney Normal People (adapté sous forme de série sur France 5 actuellement ) : l’amour entre deux personnes issues de milieux différents, et la bienveillance du personnage masculin respectueux de la femme.

Babeth, le 3 mars 2022

Fuir l’Eden, Olivier Dorchamps, Editions Finitude, 2022

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