Le duel des grands-mères, de Diadé Dembélé

Hamet va à l’école laïque de langue française de Bamako. Autour de lui, tout le monde parle soninké, bambara, peul et bien d’autres langues locales. Il y est inscrit pour faire honneur à son père, qui travaille en France, et qui n’a pas pu étudier cette langue. C’est un garçon intelligent qui rentre de l’école frustré de ne pas être à la hauteur. Il aime le français, mais il n’aime pas la façon dont on le lui enseigne. Alors il va faire l’école buissonnière.

La vendeuse de froufrou pense que je vais en classe, le boutiquier pense que je vais en classe, M’ma pense que je vais en classe, donc on est d’accord que je vais en classe.

Lorsque la fourberie est découverte, ses parents décident de l’envoyer au village de sa famille pour lui apprendre la vie. En arrivant chez sa grand mère, il parle en bambara, la langue de son cœur, ce qui est offensant pour les villageois qui comprennent le soninké. Ici c’est la savane, il y a des « méchants » et des « bêtes sauvages ».

Ces jours m’effraient. Ce vent m’agresse. Les cris des animaux m’agacent. Ce village me répugne.

Heureusement il y a Seydou, son nouvel ami avec qui il apprend le travail au champ. C’est un monde de traditions ancestrales auquel il est confronté. Avec son regard d’enfant et son humour particulier, Hamet nous fait découvrir ce lieu pétri de croyances et de superstitions. L’affaire de la bouillie empoisonnée en est l’exemple parfait.

L’Imam adjoint, chargé du prêche, arrive. Il critique bien-bien les vices des villageois.

Il dit que, si le ciel est fâché, c’est à cause des péchés des hommes : la haine, les rancœurs, l’envie, la jalousie, la fornication, le mensonge, la sorcellerie, le divorce, l’infidélité.

Dans le village il y a aussi la langue des commérages. En revenant aux sources, au contact de ses grands-mères, il apprendra pourquoi ses parents sont partis à Bamako et le « petit mari » va grandir plus vite qu’il ne l’aurait souhaité. Diadé Dembélé chamboule nos habitudes de lecture avec ce premier roman. Il joue avec les mots, fait des répétitions pour appuyer une idée, introduit du dialecte pour nous transporter au Mali. C’est aussi un roman plein de poésie. A lire pour le dépaysement.

L’eau de la rivière blanche ne danse plus. Elle secoue timidement ses vagues rougies par la terre. La blanche est devenue rouge. Le soleil deviendra peut-être vert d’ici son coucher.

Babeth, le 19 février 2022

Le duel des grands-mères, de Diadé Dembélé, 2022, JC Lattès

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