Catherine est née en 1947.
« Un premier avril, tu parles d’une plaisanterie si elle est bonne, c’était pas mal barré déjà comme programme »
Naissance non désirée par sa mère Jacqueline mais…
« on n’avorte pas en ce temps-là ».
A 18 mois, Catherine tombe malade et c’est à l’hôpital Necker qu’elle tentera de (sur)vivre ses premières années.
« Le drame de maman, la rayure sur le disque qui la faisait ressasser inlassablement, c’était la carence affective dont elle avait pâti dès son plus jeune âge. Sa mère bien entendu, était la grande coupable. »
Ce début de vie compliqué conditionnera en grande partie ses luttes. Ses filles, elle les aura avec Antoine, fils de ministre et intellectuel hypocondriaque beaucoup plus âgé que leur mère.
A la lecture de la première phrase de Fugitive parce que reine de Violaine Huisman, j’ai senti toute la force de ce roman. Longue, aspirante, elle nous plonge dans l’histoire de la France d’après-guerre et dans celle de Catherine qui vient d’être internée laissant ses deux filles, Elsa 12 ans et Violaine 10 ans.
Le récit m’a plu par ses allers-retours incessants entre les différentes étapes de la vie de cette mère fantasque, dépressive mais par-dessus tout vivante et libre. En fait, l’auteur a structuré son histoire en trois parties. La première correspond aux souvenirs de la narratrice, Violaine, la deuxième parle de la femme derrière son rôle de mère et la troisième évoque la fuite. Le tout forme une déclaration d’amour de Violaine Huisman à sa mère, sorte de triptyque sacré pour faire revenir au monde cette femme qui a disparu.
L’auteur nous promène entre fiction et réalité en nous présentant Catherine qui fut mariée plusieurs fois, tout en ayant une maîtresse et des amants, mais qui restera jusqu’à la fin une mère. Nombreux sont ces auteurs aujourd’hui qui naviguent entre deux eaux : Edouard Louis (En finir avec Eddy Bellegueule), Delphine de Vigan (D’après une histoire vraie) ou Alice Zeniter (Juste avant l’oubli), qui m’avaient déjà attirée par l’ambiguïté de leurs propos.
Nous ne sommes pas dans l’histoire biographique ni tout à fait dans le roman inventé. Où se trouve le réel ? Peu importe, il s’agit du reflet de la vie où les frontières entre le vrai et le faux sont parfois fragiles, où l’interprétation et la subjectivité ne peuvent donner l’exactitude des faits.
Babeth, 17 juillet 2018