Canada de Richard Ford ou comment achever un pavé de 476 pages
Au départ, ce roman n’est qu’une nouvelle de 20 pages, écrite en 1989. Sans doute parce qu’il ne se sent pas prêt à l’écrire, Richard Ford la met de côté, dans une enveloppe. Entre temps, d’autres romans prennent vie et le mènent au succès, notamment en 1996 où il remporte le prix Pulitzer de la Fiction et le PEN/Faulkner Award pour son roman Independance.
Le narrateur de Canada est Dell Parsons, 16 ans au moment des faits. Sa vie et celle de sa sœur jumelle Berner basculent lorsque ses parents commettent un hold-up raté pour renflouer leurs dettes. Obligé de fuir les autorités pour éviter l’orphelinat, cet adolescent quitte les Etats-Unis pour gagner le Canada. Là-bas, il s’invente une vie nouvelle aux côtés d’un personnage étrange et sulfureux.
La forme narrative choisie par l’écrivain est celle d’un homme de 60 ans qui raconte les événements qui ont torpillé son existence, essayant de comprendre comment sa vie a basculé, à défaut de comprendre pourquoi.
Comment s’en sortir alors que tout paraît perdu ? En choisissant pour forme narrative celle d’un homme de 63 ans qui revient sur son passé, essayant de comprendre comment sa vie a basculé à défaut de comprendre pourquoi, Richard Ford s’intéresse à ce moment de l’existence où le flux des événements nous pousse dans une direction imprévue, comme une rivière en crue quitte son lit. Cette rupture, l’écrivain la vit cette même année 1960, à 16 ans, lorsque son père meurt subitement.
Aux Etats-Unis et au Canada, le nouveau roman de Richard Ford a été salué avec enthousiasme par la critique. Paru aux éditions de l’Olivier en août (c’est Raymond Carver qui a fait connaître Richard Ford à Olivier Cohen), il est considéré comme l’un de ses plus grands romans.
Pourtant, je me suis vraiment ennuyée à la lecture de ce livre. Dès les premières lignes, l’auteur nous dévoile l’événement majeur par lequel tout va basculer, pour ensuite prendre plus de 200 pages pour raconter les faits… jusqu’au hold-up… J’ai repris goût à la lecture lorsque Dell fuit au Canada, mais le récit s’enlise à nouveau. La troisième et dernière partie (page 449 ! au secours !) est celle qui me plaît le plus, mais il m’a fallu beaucoup de patience et de persevérance pour arriver jusqu’ici et ne pas abandonner la partie…
Sans doute n’aurais-je pas dû choisir ce roman pour faire connaissance avec le style et l’univers de Richard Ford. Je vais essayer de lire son roman Independance et vous ferai part de mes impressions… si j’arrive à la dernière page.
Par Marisa
ON AIME
J’ai beaucoup aimé Canada de Richard Ford. Même si tout semble dit dès la première phrase – « Je vais vous raconter le hold-up que mes parents ont commis […] » – il y a, chapitre après chapitre, toujours quelque chose à découvrir : le couple formé par Bev et Neeva, le personnage d’Arthur Remlinger, Charley Parson, les villes, la Prairie, etc. Le type de narration peut laisser perplexe : le narrateur déroule ses souvenirs, ce n’est pas une narration à suspens. Mais l’auteur maîtrise parfaitement le récit, aiguisant la curiosité du lecteur. A chaque fin de chapitre, j’ai eu envie de lire le suivant pour connaître la suite du récit.
Il me semble que ce type de narration colle à la problématique développée : derrière l’histoire de Dell, Richard Ford s’interroge sur la vie et la manière dont nous la comprenons au moment même où se déroulent les faits. Le récit se déroule comme la vie : les événements s’enchainent, sont liés les uns aux autres, sans que nous le comprenions toujours clairement.
Je ne connaissais pas Richard Ford mais suis impatiente de découvrir d’autres de ses romans… On en parle lors de la prochaine réunion ?
Par Florence