KUKUM, lauréat du prix France Québec

Québec, sur les bords du lac Saint-Jean, 1895. Almanda, orpheline issue de l’immigration irlandaise, croise le chemin de Thomas, un jeune innu. Il la convie à quitter une vie immobile à la ferme pour partager sa vie de chasseur dans « une nature indomptée et somptueuse […] libérée de l’horizon ». C’est l’été de ses 15 ans. Elle choisit cette vie rude et libre.

« Je n’avais aucune idée de ce qui nous attendait. Mais, à ce moment précis, j’ai eu la conviction que tout irait bien, que j’avais raison de me fier à mon instinct. Il parlait à peine le français et moi, pas encore l’innu-aimun. Mais ce soir-là, sur la plage, enveloppée des arômes de viande grillée, du haut de mes quinze ans, pour la première fois de mon existence, je me sentais à ma place.« 

On découvre avec elle la vie nomade des innus entre Pekuakami, le lac immense, et la montagne pourvoyeuse de gibier, que l’on atteint après un mois de remontée de la rivière Péribonka, tous les ans, dans un rythme immuable… Jusqu’au jour où le clan Siméon, la famille d’adoption d’Almanda, découvre une rivière encombrée de milliers de troncs d’arbres arrachés par les bûcherons à la forêt, barrant le chemin à leurs canots et anéantissant le voyage annuel vers les terres de chasse.

Kukum c’est la « Grand-Mère » en langue innue, la langue des autochtones de l’est de la péninsule du Québec-Labrador. Michel Jean nous conte la vie de sa grand-mère Almanda tout au long du 20ème siècle. C’est un récit passionnant sur la vie des premiers occupants de ces régions sauvages, et sur les bouleversements créés par la sédentarisation forcée d’un peuple considéré à l’époque comme inférieur. C’est un roman profond, à l’écriture inspirée et délicate sur la vie d’une femme lumineuse.

Isabelle, le 30 janvier 2021

Kukum de Michel Jean aux éditions Dépaysages, victime de son succès en fin d’année, est de nouveau disponible en librairie.

Invitée par l’association Bordeaux Gironde Québec à participer en tant que jury au prix littéraire France Québec/ francophonie, les Liseuses de Bordeaux ont également lu les deux autres romans finalistes Sauvagines de Gabrielle Filteau-Chiba et Ta mort à moi de David Goudreault.

L’Ile du serment de Peter May

peter-may-l-ile-du-sermentLe 5 octobre prochain, dans le cadre du festival Lire en Poche à Gradignan, Florence et Marisa animeront un entretien avec Peter May. L’occasion pour elles de se pencher sur l’œuvre de l’écrivain écossais, connu principalement pour la trilogie de Lewis (L’île des chasseurs d’oiseaux, L’homme de Lewis et Le braconnier du lac perdu). Florence partage ses impressions sur son dernier roman paru le 3 septembre aux Editions du Rouergue.
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Canada de Richard Ford : deux Liseuses s’affrontent

canadaON N’AIME PAS

Canada de Richard Ford ou comment achever un pavé de 476 pages

Au départ, ce roman n’est qu’une nouvelle de 20 pages, écrite en 1989. Sans doute parce qu’il ne se sent pas prêt à l’écrire, Richard Ford la met de côté, dans une enveloppe.  Entre temps, d’autres romans prennent vie et le mènent au succès, notamment en 1996 où il remporte le prix Pulitzer de la Fiction et le PEN/Faulkner Award pour son roman Independance.Lire la suite »