
Simon Liberati, Grasset, 2011
Aux basses heures de la nuit, le 29 juin 1967, sur un tronçon de la route US 90 qui relie la ville de Biloxi à La Nouvelle-Orléans, une Buick Electra 225 bleu métallisé, modèle 66, se trouva engagée dans une collision mortelle.
Ainsi commence cet hommage fétichiste du sulfureux Simon Liberati, récompensé en 2011 par le prix Femina.
L’auteur nous avait déjà prévenu dans une interview accordée en 2009 au Nouvel Obs: Mon goût de la décapitation ne me vient pas de Marie-Antoinette, mais de la blonde Jayne Mansfield, morte décapitée dans un accident de voiture. Fixation oedipienne: enfant, j’allais avec papa à la sortie des Folies-Bergère, dans un café. Entre deux spectacles, maman sortait en peignoir. Elle était très maquillée et teinte en blonde.
Le résultat de cette fascination, cette chose bizarre que l’on ne peut nommer roman, entre reliquaire profane et hymne à la blondeur déchue. Avec la précision d’un médecin légiste, Simon Liberati décrit l’accident dans ses moindres détails, poussant la perversion jusqu’à faire patienter le lecteur jusqu’à la page 41 avant de nommer la victime la plus célèbre de cet accident, Jayne Mansfield. On l’aura compris, Simon Liberati choisit cet événement pour sa symbolique : ce fait divers figure la chute spectaculaire d’une femme broyée par Hollywood, et à travers elle l’innocence perdue de l’Amérique des années 60. Pâle copie de Marilyn Monroe, Jayne Mansfield eut une mort spectacle, une sortie de piste sordide. « De sa vie, on ne retient que sa mort« .