Le narrateur, Malcolm Kershaw, est propriétaire du Old Devils Bookstore, une librairie spécialisée dans les romans policiers, située à Boston. Un jour d’hiver, une tempête de neige fait rage, l’image est importante. En effet, elle nous transporte dans une série américaine policière classique, où le temps donne la mesure de l’action en cours. Malcolm Kershaw voit débarquer dans sa boutique, l’agente spéciale du FBI Gwen Mulvey.
Au grand étonnement du narrateur, cette dernière lui fait part de son enquête en cours reliant plusieurs meurtres. Merle Callahan, présentatrice du journal télévisé local a été assassinée par balles. Jay Bradshaw est mort, roué de coups, dans son garage. Ethan Byrd, était étudiant. Il avait disparu depuis un an et son corps a été découvert, enterré dans un parc à Ashland, sa ville d’origine.
Pour Gwen Mulvey, un schéma se dégage de ces différents meurtres, en apparence dissemblables. Devant la sidération de Malcolm Kershaw, l’agente fédérale lui rappelle cet article qu’il avait écrit, pour son blog, il y a quinze ans. Cet article se composait d’une liste de « Huit crimes parfaits » regroupant huit titres de livres, décrivant ce qui, aux yeux du narrateur, relevait du meurtre parfait. Ce sont des romans des plus grands noms de la littérature policière : Agatha Christie, Donna Tartt, Patricia Highsmith ou encore John D MacDonald. L’agente Gwen Mulvey n’a aucun doute : le tueur s’est inspiré de cette liste.
Cela commence comme une intrigue classique où j’imaginais les deux protagonistes enquêter ensemble. Mais non, cela aurait été trop facile ! L’auteur décrit une réalité initiale conviviale : la librairie spécialisée en romans policiers, où je rêverais d’aller, avec son chat mascotte Nero, qui accentue la chaleur de l’établissement. De plus, ce pauvre narrateur attire ma sympathie car veuf, depuis plusieurs années, il vit dans le souvenir de sa femme, droguée et infidèle, en se raccrochant à ses habitudes quotidiennes. La bonté transparait de ce personnage, d’autant plus qu’il accepte d’épauler l’agente du FBI, dans son enquête.
A partir de là, l’intrigue prend une autre dimension. L’auteur tord la réalité, pour faire tomber les apparences. Si elles sont rassurantes au début du roman, on s’aperçoit, rapidement, qu’elles sont trompeuses. Personne n’est ce qu’il semble être. Finalement, c’est sur cette réalité que les auteurs de romans policiers se sont toujours appuyés pour écrire les plus grands romans.
J’ai beaucoup aimé ce roman. L’histoire m’a beaucoup surprise, autant que le dénouement. Je m’attendais à un policier classique et je me suis laissée entrainée, avec plaisir, à la suite du narrateur, dans cette réalité qui se tordait, tout au long du livre. De plus, l’idée de s’appuyer sur les grands noms de la littérature policière, pour créer une intrigue, est très originale et m’a fait découvrir des auteurs que je ne connaissais pas ! Ce seront mes prochaines lectures !
Bérengère, le 17 octobre 2021
Huit crimes parfaits, de Peter Swanson, traduit de l‘anglais par Christophe Cuq, éditions Gallmeister.