Les choses humaines de Karine Tuil

Alexandre vit la plupart du temps aux Etats-Unis pour ses études. Il est brillant et c’est un sportif émérite. Ses parents vivent en France.

Jean Farel, son père, est un grand journaliste politique. Personnalité la plus aimée des français, il soigne son image à coup de tweets et de photos dans les magazines. Il passe pour un bon père et un époux fidèle. Dans la réalité, il mène une double vie, pousse son fils à être le meilleur et n’hésite pas à être violent avec lui.

Claire, la mère d’Alexandre est essayiste. En épousant Jean, de 27 ans son aîné, elle a vu sa carrière exploser. Et lorsqu’elle décide de le quitter, plus personne ne s’intéresse à son travail. Féministe, elle a élevé son fils dans le respect de l’autre. Elle intervient souvent dans les médias contre les violences faites aux femmes.

Mila Wizman a été élevée dans une famille juive. Après un acte terroriste dans son école, elle part vivre avec les siens en Israël. De retour en France, ses parents se séparent. Mila part quelques temps vivre avec sa mère à Brooklyn dans le quartier juif orthodoxe. Ne supportant pas l’éducation rigoriste, elle vient s’installer en France chez son père qui a refait sa vie avec Claire. C’est ainsi qu’elle rencontre Alexandre.

Deux êtres totalement différents, de par leur statut et leur éducation. Lui a un parcours de jeune élite à qui tout réussit. Mais il est aussi narcissique, il a une grande aisance avec le langage. Il a une sexualité libérée dans les actes et un langage parfois ordurier. Mila est majeure et a eu des rapports sexuels avec un homme marié. Son rapport au sexe est différent, de par son éducation juive ultrapratiquante. Un soir, ils partent ensemble à une fête et ont des rapports sexuels.

Viol ou pas viol ?

Ce roman c’est l’histoire d’un procès. Au-delà de ce qui accuse Alexandre, c’est le procès d’une société basée sur des codes que chacun interprète à sa manière. Les personnes qui gravitent autour de ce jeune homme accusé de viol, ont autant d’importance que lui dans ce roman. J’ai été particulièrement interpellée par Claire qui a un amour inconditionnel pour son fils.

Elle avait découvert la distorsion entre les discours engagés, humanistes, et les réalités de l’existence, l’impossible application des plus nobles idées quand les intérêts personnels mis en jeu annihilaient toute clairvoyance et engageaient tout ce qui constituait votre vie.

L’histoire commence de façon factuelle pour finir dans des émotions soit de dégoût, soit de colère, soit de tristesse. Les plaidoyers sont à la fois révoltants et tellement proches de la réalité judiciaire. J’ai apprécié également que Karine Tuil laisse le lecteur avoir sa propre grille de lecture. Vous aurez peut-être une vision différente de la mienne. Qui a raison ? Qui ment ? Peut-il y avoir deux vérités ? L’auteur aborde le sujet du consentement. Pendant un acte sexuel, quels sont les signes qui vous feront dire «  Stop j’arrête » ? Aborder ce sujet par le prisme de la justice est assez effroyable car tout est permis pour défendre un accusé. On en arrive même à douter.

Un roman d’actualité, prix Goncourt des lycéens 2019.

Babeth, 8 mars 2021

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