Au lendemain des attentats de janvier, le réseau des bibliothèques de la ville de Dunkerque a souhaité donner davantage la parole à ses lecteurs, rappelant ainsi l’importance de disposer de lieux de partage où la liberté d’expression est préservée.
Depuis quelques semaines, sous l’impulsion d’Amaël Dumoulin, directrice du réseau, avec le soutien de la Ville, les bibliothèques proposent aux lecteurs de taguer les livres, disques, revues ou DVD qu’ils ont aimés.
Ceux qui le souhaitent écrivent leur prénom sur une étiquette « De la part de : » apposée sur le document de leur choix, et adressent ainsi leur coup de cœur à un destinataire inconnu. Ils peuvent ensuite ranger le document dans les rayons ou présentoirs, ou le disposer sur des tables prévues à cet effet.
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Au fil des semaines, les lecteurs ont constitué une sorte de bibliothèque idéale, taguant des oeuvres parfois oubliées dans les rayonnages. Un Boris Vian, un Salinger, La liste de Schindler tagué par un lecteur ou le Dictionnaire de la méchanceté choisi par Marie-Madeleine… Devenus prescripteurs, ils ont progressivement tissé entre eux des liens invisibles, véritable « réseau de papier » permettant à d’autres de découvrir des oeuvres qu’ils n’auraient pas eu l’idée de lire. e ne choisis as celui avec lequel j’entre en relation
Je ne choisis pas celui avec lequel j’entre en relation car je le respecte, au-delà des différences.
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De cette manière, les habitants ont « le sentiment de faire l’expérience du bien commun à travers la collection qui n’est pas la collection de la bibliothèque, mais la collection des Dunkerquois » souligne Amaël Dumoulin. Nul besoin d’être usager de la bibliothèque pour participer : les bibliothécaires ont eu la surprise de rencontrer des gens éloignés de la lecture qui comprenaient, très finement, le sens de l’opération.
Pour certains même, l’idée d’apposer une étiquette sur un document est devenu un acte citoyen, « comme on signe une pétition ». Ainsi, « certaines personnes sont entrées dans la bibliothèque, ont pris des étiquettes et les ont collées sur des documents qu’elles connaissaient déjà » remarque la directrice.
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Je peux entrer, prendre une étiquette, la coller sur un livre que j’ai aimé, et ressortir.
L’engouement suscité par cette initiative a encouragé les bibliothécaires à envisager un autre projet, celui des fiches de lecture, lancé cette semaine. Les étiquettes restent proposées, mais certaines peuvent faire office d’adhésif pour une fiche de lecture sur laquelle les lecteurs sont invités à expliciter leur choix. Nous saurons peut-être enfin pourquoi Marie-Madeleine a choisi le Dictionnaire de la méchanceté…
Article écrit le 25 mars 2015
Propos recueillis par Marisa Un grand merci à Amaël Dumoulin pour m’avoir accordé cet entretien 25/03/2015