
Grande leçon de théâtre et grand moment de bonheur hier soir à La manufacture Atlantique où la compagnie Travaux Publics présentait, de 18h à minuit, la première étape de la Bibliothèque des Livres Vivants. L’idée ? Confier la lecture de 6 œuvres majeures à six comédiens qui s’emparant du texte, le travaillant, le domestiquant, finissent par l’incarner totalement.
Le dispositif scénique place les spectateurs autour d’une table dressée où les comédiens partagent un repas (oui pour de vrai, avec de l’alcool et des mets fumants) au cours duquel comme on fait dans les grandes réunions familiales, chacun raconte son épopée. Sont là, Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, l’Etranger de Camus, Mrs Dalloway de Virginia Woolf, Le blé en herbe de Colette, Les années d’Annie Ernaux, Mes amis d’Emmanuel Bove et très vite on ne sait plus qui de l’auteur, qui des personnages, qui du comédien s’adresse à nous.
Chacun des comédiens guidé par le metteur en scène Frédéric Maragnani, donne au texte qu’il incarne une voix, un rythme, une gestuelle et jamais l’on n’avait si bien entendu et si bien compris la langue de l’écrivain. Jubilation d’une symbiose parfaite entre théâtre et littérature.
Finalement, la seule fausse note viendra du public, apostrophe vulgaire d’une spectatrice sommant une comédienne de parler plus fort et moins vite. Si peu de respect pour le travail titanesque des comédiens fait monter la colère, mais oublions la médiocrité et ne gardons de cette soirée que la joie et la fierté des comédiens au moment du salut final. Ils sont allés au bout de leur talent, ils ont fait sonner les mots, souligné la drôlerie, le tragique et la beauté des textes qu’ils ont servis. Chacun mérite d’être cité ici, alors encore bravo et merci à Romain Jarry, Amélie Jalliet, José Antonio Pereira, Stéphanie Cassignard, Manuel Severi et Laëtitia Andrieu.
Hélène
A noter : un épisode 2 de la Bibliothèque des Livres Vivants aura lieu au théâtre du Port de la Lune du 11 au 14 mars 2015. Renseignements : 05 56 33 36 80
Tout à fait d’accord. Voilà qui vous donne un appétit d’ogre : envie de dévorer tous ces textes. Tous m’ont émue, mais Alice m’a fait rire. J’ai toujours aimé ce texte mais là ! L’idée d’en faire une histoire inventée sous nos yeux par une conteuse qui s’étonne elle-même de ce que son esprit peut inventer, c’était magistral. Merci encore.
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