Rencontre avec Arnaud Cathrine à la médiathèque Assia Djebar, Blanquefort

Verticales
« Je suis enfin tombé sur ce livre. Je n’avais jamais autant désespéré d’un livre. Il y avait des choses que j’avais envie d’exprimer et ça n’était pas facile. Aurélien est un personnage complexe. »

Le 22 janvier dernier, la médiathèque Assia Djebar de Blanquefort accueillait l’écrivain Arnaud Cathrine, nominé au Prix des lecteurs-Escale du Livre pour son roman « Je ne retrouve personne« . 

Arnaud Cathrine est un explorateur. Romans, scénarios, paroles de chansons, lectures sur scène, il aime tester différents types d’écriture, varier son rapport à l’écrit, une façon pour lui de s’éloigner du texte sur lequel il travaille et d’y revenir, enrichi de nouvelles expériences.
D’abord destiné à la musique, il décide très jeune de devenir écrivain et rédige son premier roman à 20 ans. L’écriture s’impose rapidement comme une nécessité, tout comme la lecture d’écrivaines dont la sensibilité le touche. Sarah Kane, pour sa violence et sa rudesse, Sagan pour son élégance, et Duras qu’il aime particulièrement.

« L’écriture est un artisanat qui demande beaucoup de temps ».
Corriger, réécrire, supprimer le mot de trop, l’inutile… Arnaud Cathrine tâtonne, cherche et fait naître son texte, attentif aux remarques de son éditeur.
Du temps et du travail, beaucoup de travail, comme celui que lui a demandé son dernier roman, « Je ne trouve personne ».

Publié l’automne dernier chez Verticales, « Je ne retrouve personne » est le huitième roman d’Arnaud Cathrine. Un écrivain, Aurélien Delamare, se rend à Villerville (Normandie) pour vendre la maison familiale. Jusque là, rien de moins banal. Progressivement, Aurélien est rattrapé par les souvenirs que ravive ce séjour dans la maison où il a vécu son enfance et son adolescence. Bien plus qu’une simple vente, ce retour aux sources lui offre l’occasion de faire le point sur son existence, un état des lieux personnel. Son métier d’écrivain, sa rupture d’avec Junon dont il ne se remet pas, ses amis d’enfance, sa famille, Aurélien fait l’inventaire de sa vie.
« Seul dans la maison familiale, Aurélien est obligé de plonger en lui-même, d’entériner des choses qu’il n’a jamais voulu admettre. »

Tandis que d’autres auteurs nominés comme Pierre Lemaître, Sorj Chalandon ou Valentine Goby mettent en scène une tragédie collective où l’intime est moins prioritaire, Arnaud Cathrine choisit « de donner une portée universelle à l’intime », car « la famille est notre premier rapport à la société ».

« Ce roman n’est pas nostalgique, mais mélancolique » précise Arnaud Cathrine. Mélancolie du temps qui passe, mélancolie qui nous fait réaliser l’épaisseur du temps révolu. Seule la présence de Michelle, la fille de Junon, va lui permettre de sortir de cet état et de revenir à une humanité pleine, directe et simple. Parce qu’en présence d’un enfant, l’adulte est obligé de se délester. « Aurélien va cesser d’être sur cette berge mélancolique et va revivre ».

Le choix de la Normandie n’est pas un hasard : Arnaud Cathrine s’y réfugie la moitié de l’année, dans la maison familiale, pour s’éloigner de Paris « afin de retrouver l’apaisement, le calme et la méditation nécessaire à son travail. »
On l’a compris, il y a beaucoup d’Arnaud Cathrine dans ce personnage d’Aurélien, mais l’écrivain ne se risque pas à l’autobiographie, à l’image d’Annie Ernaux ou Didier Eribon. Le choix de la fiction lui permet cette distance, un retrait qu’il juge nécessaire.

Lors de cette rencontre, Arnaud Cathrine a frappé par sa gentillesse et sa générosité. En plus d’être un écrivain doué,  il sait parler de ses livres. Générosité et simplicité, et si c’était cela, l’élégance ?

Par Marisa

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