Le 29 juin dernier, nous sommes plusieurs à nous être retrouvés à la Nuit de l’Ecriture, à Marquèze, dans le Parc naturel régional des Landes. Patrice s’est porté volontaire pour relater cette expérience hors du temps…
Sabres, dans la campagne landaise. Une aire de stationnement ombragée où chaque véhicule choisit son emplacement dans un désordre organisé. Cela tranche avec ces parkings bitumés et quadrillés où la voiture doit se contorsionner pour pénétrer un espace réduit. C’est de bonne augure pour la soirée et la nuit qui s’annoncent. Une gare, somme toute semblable à d’autres. Un train original est sagement à quai ; vieux sans être âgé, coloré, les distances ne comptent plus pour lui. Ce soir, il va emmener des voyageurs particuliers… Ce sont les passagers de la nuit de l’écriture de Marquèze. Pas de bagages ou si peu, mais on sent les têtes regorgeant de mots qui n’attendent que le moment opportun pour s’épandre, en flots réguliers, sur des feuilles vierges de toute inscription. Le trajet est court… J’allais ajouter heureusement car l’impatiente est latente. Quelques secousses ponctuent l’arrivée dans « la clairière ». Aussitôt, des escadrilles de moustiques décollent de chaque surface plane mais se heurtent très vite à un écran protecteur de citronnelle s’ajoutant aux odeurs nocturnes ambiantes enivrantes.
Le jour abandonne la partie. L’obscurité se fait plus présente. On devine çà et là, disséminées dans la prairie, des bâtisses surannées. Devant chacune d’elle, des halos de lumière diffusés par des bougies guident les écrivains vers les lieux de « plaisir » comme jadis les lanternes indiquaient les lupanars dans les rues sombres. Pour les uns, ce sera mettre des mots sur des mélodies, pour d’autres ce sera des bruitages à domestiquer, mais pour tous ce seront des mots… des phrases… des textes… ces textes lus et mis en scène par des comédiens imaginatifs.
Plaisir d’écrire bien sûr, mais plaisir aussi d’être lu devant l’assemblée des écrivains indulgente et acquise à chaque déclamation. Le plaisir, taquin, câlin, se diffusait par ondes régulières, discrètes.
Dois-je ajouter que le thème choisi était « le plaisir » ?
A se mouvoir dans cette obscurité cotonneuse, il est difficile d’envisager que le jour puisse poindre. Et pourtant… Un cocktail d’adieu partagé… Des commentaires sur les productions mais pas de jugements… pas de jury. Le prix de la nuit de Marquèze décerné à l’ensemble des écrivains. Premier prix collectif qui se distingue des tableaux d’honneur décernés par d’obscurs comités prétentieux réunis aux cours d’interminables après-midi ou durant de longues nuits sans lune.
Il ne doit pas y avoir de classement littéraire. Il n’y a que des mots qui se suivent sur une portée. Chacun perçoit sa propre musicalité.
Au cours de cette nuit de l’écriture, mille mélodies ont résonné.
Par Patrice
Bravo Patrice pour ce superbe texte et cet agréable moment passé ensemble. Isa G. (la maman du jeune charpentier !)
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