C.J. Oates est née en 1938. C’est une auteure américaine très féconde qui sort un livre par an (Les Chutes: prix Femina en 2005).
Dans ce roman, Oates dresse un portrait de femme, comme elle le fait souvent : victimes soumises au bon vouloir des hommes (autorité du père; domination sexuelle des hommes ), ballotées dans les tourmentes politiques, forcées de s’adapter aux circonstances économiques. Mais cette «fille du fossoyeur» va à sa manière prendre son destin en main et accepter d’aller vers ce qui est bon pour elle et respecte sa dignité.
«J’ai su alors qu’un homme pouvait aimer… Un homme peut être bon. Il n’est pas forcé de vous faire du mal.»
Rebecca est la fille de juifs allemands qui fuient le régime nazi et se réfugient dans une petite ville américaine.R est à la limite de deux mondes, elle naît en 1936 sur le bateau qui entre dans le port de New-York. Américaine donc. Cet exil forcé qui débouche sur une existence sordide détruit son père. Celui-ci , ancien professeur de maths, devient fossoyeur méprisé en tant que tel et à cause de ses origines juives par ses concitoyens. Il sombre petit à petit dans une folie destructrice et paranoïaque.Ce malheur a fait de sa mère une femme dépressive, incapable de s’adapter à son nouvel environnement américain et soumise à la tyrannie de son mari.
Rebecca grandit dans la peur de son père dont elle subit la violence et la folie sans les comprendre. Elle sait seulement qu’elle est née fille et qu’en tant que telle, elle court des dangers et doit se soumettre aux hommes, son père, ses frères. «Rebecca n’était pas très sûre d’aimer son nom. Elle n’aimait pas non plus ce qu’elle était: fille. Ses frères étaient des garçons, donc il lui restait à être fille …elle le ressentait comme une injustice. Rebecca finit par voir cela comme une sorte de blessure.
L’enfance de Rebecca se termine dans un drame sanglant. Mais Rebecca n’est pas complètement détruite et elle va essayer de s’extirper de l’endroit d’où elle vient pour abolir le passé et fuir ses origines. «Car sa volonté était immense comme un filet englobant le ciel…»
Sous différents noms, elle va se bâtir une nouvelle vie, toujours en quête d’une identité qui parfois lui échappera, mais qu’elle n’aura de cesse d’explorer au plus prés.
La fuite initiale des origines débouchera sur la quête des origines. La lutte contre le malheur est ici un exemple de résilience. « Rester en mouvement« : telle est la maxime qui régit la vie de Rebecca, au propre et au figuré, et aussi être dure, aussi dure qu’un homme et ne pas hésiter à atteindre ce but en se revendiquant femme.
Marie-France
C’est le premier livre que je lis de cette auteur et j’ai trouvé ce roman absolument fantastique. L’histoire est sombre, mais magnifiquement écrite. On tremble pour cette femme, on souhaite qu’elle s’en sorte. J’espère juste que l’auteur n’a pas toujours ce point de vue sur les rapports humains…
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