Évariste Galois… Ce nom ne vous dit sans doute pas grand chose, mais il figure au panthéon des mathématiciens. Mort à vingt ans dans un duel, ce jeune homme inconnu du grand public a eu le temps de révolutionner les mathématiques, rien que cela. François-Henri Désérable lui consacre son premier roman, Évariste, publié chez Gallimard début 2015.
Amis lecteurs qui pensez que ce premier roman vous expliquera les tenants et les aboutissants du Mémoire sur les conditions de résolubilité des équations par radicaux d’Évariste Galois, passez votre chemin. François-Henri Désérable l’avoue sans fard : il n’entend rien à la chose mathématique. Pourquoi diable, lorsqu’on est « nul en math », avoir donc choisi d’écrire, avec Évariste, la biographie romanesque d’un génie des mathématiques ?
Au hasard de recherches pour un livre, l’auteur tombe un jour sur le récit de la vie d’Évariste, ou plutôt sur celui de sa mort lors d’un duel sur les circonstances duquel planent encore bien des mystères. Ce qui fascine François-Henri Désérable au point de se risquer à une biographie, c’est qu’il trouve en Évariste les traits d’un personnage éminemment romanesque : fulgurance de sa courte vie, jubilation éprouvée à la découverte des mathématiques, frénésie de « cette dernière nuit » lorsqu’il rédigea, du fond de sa cellule, à la lueur de la bougie, les quelques pages qui révolutionnèrent les fondements même de cette discipline.
S’appuyant sur un narrateur qui n’hésite pas à interpeler le lecteur, ou plutôt sa lectrice, qu’il appelle « Mademoiselle », l’auteur déroule le fil de l’existence du jeune homme, partageant ses doutes lorsque certains moments de sa vie restent mystérieux, faute de témoignages.
Il a vingt ans, il va mourir. Il n’est pas prêt. Ensuite, que va-t-il se passer ? Pas plus que vous je ne le sais. Je suppose que…
Ce livre, truffé d’humour, réunit tous les éléments pour une adaptation au cinéma. Ça tombe bien, l’auteur y a pensé. Un scénario est en cours d’écriture et le tournage débutera prochainement.
Cerise sur le gâteau, Évariste va avoir droit à sa plaque commémorative, en plein Paris, au 16 rue des Bernardins, là où il a vécu. Cette plaque est inaugurée aujourd’hui en présence de François-Henri Désérable. Une preuve de plus que l’auteur a gagné son pari : réussir à extraire ce génie de l’abîme de l’oubli.
Marisa, 31 mai 2016