Paul Auster : « Écrire est une expérience physique »

paul-auster-la-pipe-d-oppen-liseuses-de-bordeauxLe dernier roman de Paul Auster paru en français était Sunset Park (2011). Cette fois-ci, après avoir publié deux récits résolument autobiographiques, Chronique d’hiver et Excursions dans la zone intérieure (un livre qui m’est tombé des mains), l’auteur américain nous revient en librairie avec La pipe d’Oppen, un recueil d’essais, discours et préfaces, quatorze textes couvrant une période de 2001 à 2015.

Que vous soyez complètement accro à Paul Auster ou que vous n’ayez jamais rien lu de lui, cet ensemble de textes est une belle occasion de pénétrer son univers romanesque, de percevoir son cheminement intellectuel et de comprendre plus intimement son rapport à l’écriture.

J’ai toujours écrit à la main. La plupart du temps avec un stylo à plume mais parfois au crayon – en particulier pour les corrections. Si je pouvais écrire directement avec une machine à écrire ou un ordinateur, je le ferais. Mais les claviers m’ont toujours intimidé. Je n’ai jamais été capable de penser clairement avec mes doigts dans cette position. Un crayon est un instrument beaucoup plus primitif. Il donne l’impression que les mots sortent de votre corps et qu’ensuite vous les incrustez dans la page. Écrire a toujours eu cette dimension tactile pour moi. C’est une expérience physique.

Tout au long de ces pages, Paul Auster convoque également les auteurs qui lui sont proches : Georges Perec, Samuel Beckett, Nathaniel Hawthorne pour sa Lettre écarlate… Nombreux sont les poètes évoqués, comme George Oppen, Edgar Poe, André du Bouchet et l’ami de longue date, Jacques Dupin. Ces noms nous sont parfois inconnus, mais Paul Auster en parle avec tellement de tendresse et d’admiration que nous nous sentons l’envie de les découvrir et de les lire.
Il est aussi question de cinéma, comme souvent dans les romans de Paul Auster, comme ce très bel hommage rendu à Jim Jarmusch pour son film Night on Earth.

Paul Auster se définit avant tout comme un artiste, un artisan de l’écriture. A propos des artistes et des écrivains qu’il a cotoyés et admirés, il écrit :

Samuel Beckett est mort, Genet et Pinter et Sontag et Robbe-Grillet et Seaver et Avedon et Creeley sont tous morts, mais même si ce sont à présent des fantômes, pas une seule journée ne se passe sans que j’ouvre la porte de mon bureau et les invite à entrer.

Cette fois encore, Paul Auster séduit par son ton, par la singularité du regard qu’il porte sur la littérature et l’écriture. Il n’y a que lui pour parler ainsi du roman :

Tout roman est une collaboration à parts égales entre l’écrivain et le lecteur, et c’est le seul endroit au monde où deux parfaits inconnus peuvent se rencontrer dans la plus grande intimité. J’ai passé ma vie à dialoguer avec des gens que je n’ai jamais vus, avec des gens que jamais je ne connaîtrai, et j’espère pouvoir continuer jusqu’à mon dernier souffle.

Nous aussi nous l’espérons… et que ce soit le plus tard possible.

Marisa, 17/02/2016

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