Dans les années 1970, les mannequins de silicone n’existaient pas encore. Alors, pour effectuer des tests d’accidents de voitures, les entreprises utilisaient des corps de personnes mortes et non réclamées. L’un des personnages de Claro est un manutentionnaire d’une de ces entreprises. Toute la journée, il manipule des corps désarticulés et sans vie. Il déshumanise ces êtres et s’oublie lui-même, il n’est plus qu’un pantin qui tente d’articuler sa propre vie.
Comment continuer à avancer si c’est en faisant toujours face à la mort ?
Et puis, il y a cette strip-teaseuse, elle aussi est confrontée à d’autres corps dont le mouvement cherche à exercer une pression sur elle. Elle articule ses membres et se crée une échappatoire.
Le troisième et dernier personnage est un adolescent qui découvre les mystères de son corps à travers les bandes dessinées pour adultes, cachées dans la penderie de sa mère.
D’une écriture ciselée et tranchante, Claro décrit trois vies, leur quotidien banal voire pathétique. Mais il laisse transparaître une vraie tendresse pour ses personnages car ce qu’ils vivent est dur et douloureux : ils cherchent une dignité d’être humain en vie.
Berengère, 22/08/2015