Le dernier gardien d’Ellis Island

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C’est par la mer que tout est arrivé, par ces bateaux remplis de miséreux tassés comme du bétail dans des entreponts immondes d’où ils émergeaient, sidérés, engourdis et vacillants, à la rencontre de leurs rêves et de leurs espoirs.

Il y a d’abord cette écriture, si juste, si pure. Pas un mot de trop, pas d’emphase ni de digression inutile. Le roman de Gaëlle Josse est si poétique qu’on souhaite le lire à haute voix, pour donner vie et corps à ce récit. Si ce livre est si remarquablement écrit, c’est sans doute parce qu’il est né d’une émotion, celle qu’a ressentie l’auteure lorsqu’elle a visité, en 2012, le centre d’immigration d’Ellis Island, à New York. Désormais Musée de l’Immigration, cette île a abrité de 1892 à 1954 le centre d’accueil des immigrés souhaitant s’établir aux États-Unis.

©Gaëlle Josse
©Gaëlle Josse

Pour évoquer le souvenir de ce lieu qu’on appelait la Porte d’or, Gaëlle Josse choisit la voix de son dernier directeur, John Mitchell. A la veille de la fermeture définitive du centre le 12 novembre 1954, dans un lieu désormais désert, le gardien revient sur les dizaines d’années passées sur cette île. Resté seul dans l’attente de son départ, errant dans un lieu peuplé de fantômes, il raconte son passé dans un journal intime, examen de conscience d’une âme tourmentée par le souvenir de son épouse adorée et par la voix de Nella, l’immigrante sarde au passé sulfureux.

Exil, déracinement, destins tragiques… Il fallait faire preuve de finesse pour que ce roman ne sombre pas dans le pathos. Gaëlle Josse relève le défi avec beaucoup de talent.
Un roman à lire de toute urgence, pour la beauté du texte et pour le sujet, brûlant d’actualité.

Marisa, 30/06/2015

Pour aller plus loin, visitez le site internet que l’auteure a souhaité consacrer à ce roman.

Une réflexion sur “Le dernier gardien d’Ellis Island

  1. Oui, une brûlante actualité. Merci pour ce choix. En décalant un peu le regard sur une autre époque et un autre lieu, peut-être comprendrons nous mieux ce qu’immigrer veut dire. Sur ce sujet, sans pathos et avec une grande poésie, je conseille le film Golden Door.

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