La comédienne Maud Andrieux adapte, met en scène et joue des textes de Marguerite Duras depuis plusieurs années déjà. Une Liseuse l’a vue dans une mise en scène de la Douleur. Éblouie, elle lui a posé quelques questions après la représentation. C’est avec enthousiasme que Maud Andrieux a partagé sa passion de Marguerite Duras et son amour du théâtre.
Pourquoi Duras ?
J’ai lu Un barrage contre le Pacifique en 2003 et ça a été un bouleversement littéral. C’était incroyable. J’ai trouvé l’adaptation L’Eden Cinéma [NDLR : réécriture, pour le théâtre, du roman Un Barrage contre le Pacifique par Marguerite Duras], mais je n’y ai pas retrouvé la force de l’écriture qu’il y a dans le roman. Alors j’ai voulu essayer d’en faire quelque chose moi-même, je l’ai adapté et joué en solo. Ce texte-là m’a permis de découvrir la forme qui me convient au théâtre : jouer en solo des adaptations de romans, de textes qui ne sont pas écrits pour le théâtre.
Comment avez-vous sélectionné les extraits du roman La Douleur que vous jouez sur scène ?
Je choisis des passages qui me plaisent et qui permettent de raconter l’histoire. J’essaie de faire en sorte que les extraits permettent aux spectateurs de comprendre l’histoire en une heure.
Faites-vous toujours le choix d’une mise en scène très sobre ?
Oui. Parce que c’est ma formation. J’ai travaillé avec Alain Simon qui m’a appris à ne rien mettre sur scène si ce n’est ce dont on a besoin. Et puis je suis là pour servir un texte. Je préfère travailler sur les lumières et les bandes sonores. J’aime bien que le public puisse respirer pendant les bandes son et je trouve qu’elles collent bien avec l’écriture cinématographique de Marguerite Duras. Elles permettent de transporter le public ailleurs, puis de revenir sur scène. Sans bande son je suis perdue !
Vous retrouvez-vous dans les textes de Duras ?
Elle exprime très bien les sentiments. J’aime son écriture cinématographique. Avec très peu de mots et des mots simples, elle arrive à provoquer des images très fortes. Mon travail consiste à amener ces textes à l’étranger où je les joue dans le réseau des Instituts Français. Ce qui est intéressant, c’est que lorsque je présente ces textes à des élèves qui apprennent le français, ils comprennent les mots et perçoivent les images.
Après Duras, quel auteur envisagez-vous de mettre en scène ?
Je ne sais pas… . Il me faut beaucoup de force pour jouer un texte sur scène et pour le moment il n’y a que Duras qui me donne cette force.
Quel roman de Marguerite Duras est sur votre table de chevet ?
J’hésite entre Un barrage contre le Pacifique et le Vice-Consul. Si je ne devais en choisir qu’un, peut-être choisirais-je Un barrage contre le Pacifique car c’est le plus autobiographique, le plus sincère. C’est l’histoire un peu folle qui fait le personnage de Duras écrivain et qui est ensuite déclinée à maintes reprises dans son œuvre. Je suis passionnée par son cycle indien et son cycle indochinois. La Douleur, c’est encore autre chose…
Si un livre avait une odeur ?
Le café !
Et une couleur ?
Rouge ! Comme la passion, les sentiments, les émotions
Un livre qui vous a fait rire ?
La reine Claude de Claire Castillon
Un livre qui vous a fait pleurer ?
Plein ! Un barrage contre le Pacifique. Ou un livre de Jeanne Benameur. On trouve dans l’écriture de Jeanne Benameur des images très fortes, un peu comme chez Duras…
Un livre qui vous a ému ?
La Douleur. J’ai encore en tête des images de certaines phrases
Propos recueillis par Florence