Nous serons des héros de Brigitte Giraud

brigitte-giraud-nous-serons-des-heros-liseuses-de-bordeauxNous nous situons dans les années soixante, dans un milieu populaire en banlieue lyonnaise, à la croisée de plusieurs histoires.

Tout d’abord celle intime d’une mère et de son jeune fils contraints à l’exil après l’arrestation et la mort d’un père engagé dans la résistance contre la dictature de Salazar.
Olivio immigre en France avec sa mère, avec pour seul bagage quelques valises, un chat, et leurs souvenirs. A présent il faut apprendre la langue, les codes, le froid du ciel et d’un appartement presque vide. Il faut assumer la dette vis-à-vis de ceux qui ont aidé, il faut travailler, subir parfois la discrétion et les renoncements obligés pour trouver sa place. Il faut encore espérer un foyer qui protège et la bascule de la révolution dans le pays qu’on a douloureusement quitté.
Mais le quotidien est sans doute plus immédiat, fait de secrets, de passions, de cette naïveté d’enfance et d’adolescence qui propulsent durement Olivio contre les entraves et les violences des adultes. Parmi ces entraves, la peur de l’autre dans un quartier multiculturel, les haines de l’histoire, la difficulté à reconstruire des liens familiaux dans un pays neuf. La mère d’Olivio consacre toute son énergie à retrouver, à l’abri du couple, sa dignité et sa place de femme.
En toile de fond se perçoit une société en pleine ébullition, avec l’émergence d’une jeunesse prise en dilemme. Dans une part de soi, il y a les souffrances de l’histoire et des parents, les silences et les tabous d’une violence perçue, que l’on pourrait craindre ou encore mettre en acte, comme un prolongement des haines du passé. Dans une autre part de soi, la soif de vivre, cette volonté d’aimer avec liberté, d’explorer les possibles. Etre soi dans un pays neuf.
Voilà donc un beau roman qui raconte l’enfance, la jeunesse et ses constructions dans les complexités familiales et sociales.
C’est dans une langue simple et fluide, un récit presque anodin, une condensation des émotions à quelques mots essentiels, que l’auteure nous fait partager l’intimité affective du jeune Olivio et son copain de quartier avec lequel se jouent les scènes d’une affection naïve, tendre et parfois violente.
Au-delà de cette histoire, on perçoit un autre enjeu de B. Giraud, celui de raconter la grande Histoire, la violence des peuples et les arrachements de l’exil, qui n’est pas sans lien avec ses origines.
Merci B. Giraud pour cette belle lecture ! Nous attendons avec impatience votre prochain récit…

Laetitia, mars 2017

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