Le moins qu’on puisse dire, c’est que Guillaume Chérel a beaucoup d’humour. Je ne suis pas certaine qu’il se soit fait des amis en sortant Un bon écrivain est un écrivain mort mais ce roman m’a bien fait sourire. D’autant plus que je l’ai lu après avoir rencontré beaucoup d’auteurs au salon Lire en poche, dont l’un des écrivains nommé dans ce roman…
L’action de cette histoire rocambolesque se passe dans un monastère du Mercantour racheté par le riche « Un Cognito » qui a invité dix célèbres écrivains pour une rencontre autour du thème « Littérature et modernité ». Mais s’agit-il d’un roman, nom d’une pipe, ou d’une histoire vraie ?
Celui-ci est fondé sur des lieux réels et inspiré de personnages existants. Toute ressemblance, bla-bla-bla, n’est surtout pas une coïncidence.
Voici une présentation de quelques écrivains invités : L’enfantine Delphine Végane est toujours partie dans ses rêveries. Christine Légo est une névrosée auto-centrée. David Mikonos a un sourire de loup ravi de la crèche. L’académicien Jean de Moisson aux beaux yeux parle avec souplesse et agilité. Michel Ouzbek qui connaît bien ce monastère pour y avoir consacré un chapitre dans son livre Les molécules parlementaires. Et enfin Kathy Podcol qui couve du regard Tatiana de Roseray.
Ces noms évoquent ils quelque chose en vous ? On sent que Chérel est journaliste et connaît bien le monde des cocktails, salons et troisième mi-temps littéraires !
Le lieu de cette rencontre est assez sinistre et ne présage rien de bon. On se doute que nos auteurs vont disparaître comme dans Les dix petits nègres d’Agatha Christie, mais l’intrigue vient s’installer pour savoir : Qui va mourir ? Comment : étouffé ? Piqué par un scorpion ? Écrasé par des livres ? (on devient limite aussi cynique que l’auteur !)
Mais pourquoi tant de haine ?! Un Cognito aurait-il réuni ces écrivains connus pour les punir d’avoir un ego démesuré ?
Francesco avait découvert que la jalousie entre écrivains était le pire fléau de ce microcosme condescendant, étriqué, auto-suffisant, imbu de lui-même, où tout le monde se connaissait et se cooptait sans se lire et en faisant semblant de s’apprécier. C’était la conjuration des hypocrites.
Tout dans ce roman est placé sous le signe des jeux de mots et des caricatures. Prévoyez de l’huile car l’humour est grinçant à chaque page. Guillaume Cherel devient Charal dans son propre roman (« hummmm…Charal ! ») et s’auto-proclame auteur pauvre et méconnu.
Le modérateur Augustin Traquenard traite Christine Légo de chiante devant un public médusé. Point de Liseuses de Bordeaux dans ce roman mais « Les lectures de Choupette ». Personne n’est épargné, tout le monde en prend pour son grade, même la ministre Fleur Pétrin. Mais on rigole, c’est l’essentiel ! Une chose est sûre : ce livre n’est pas à conseiller aux personnes qui prennent tout au premier degré. Pour les autres, allez-y.
Babeth, 14/12/2016