Poser nue à La Havane, c’est se sentir exister. Anaïs Nin s’expose sous des regards même contrariés. Elle pose sa nudité et en perçoit la vie : effleurée, déflorée… C’est un voyage pour se découvrir et perdre cette foutue et encombrante virginité.
Mais Anaïs sait le choisir, car finalement l’aspect important de l’affaire est là : trouver quelqu’un d’assez spécial pour cette première fois. Ce sera un Cubain, à la peau cuivré, au sexe au goût de tamarin et la poésie sur les lèvres. Devenir une femme ne va pas sans trouble, elle est face à un choix cornélien : revoir son père ou pas. Celui-ci l’a abandonnée depuis tant d’années maintenant. Et puis, il y a Hugo et ce mariage qui hésite à se concrétiser.
C’est Cuba qu’elle interroge.
Après tout, La Havane lui doit bien ça. L’île a mis au monde son père. Arpenter les rues chaudes et mélancoliques de la capitale pourrait peut-être le lui faire connaître, ce père absent qui demande maintenant à la rencontrer, ne serait-ce qu’un peu et révéler une part de soi… Wendy Guerra, auteur cubaine, part à la rencontre d’Anaïs Nin, de sa part cubaine, des traces qu’elle a laissées dans sa ville, et la suit en révélant ce voyage que la grande écrivaine a fait dans les années 1920, cette liberté qu’elle avait déjà et ce goût de la littérature dans la bouche et dans son corps.
Bérengère, 27/11/2016