Une envie de chantilly

Comment vous expliquer que, sans cette maudite chantilly, ce roman n’aurait pas existé. Et d’un autre côté si je vous dis pourquoi, vous n’aurez plus de raison de lire ce roman.

Choisir un titre est important. C’est un peu comme La vraie vie. On s’interroge. Encore un feel good avec en plus une couverture tape-à-l’œil (de hyène) ? Non. Ce roman est tout autre.

Nous avons là une famille bien calibrée : un couple avec deux enfants vivant dans un lotissement, quoi de plus banal. Lorsqu’on y regarde de plus près, on découvre un père nerveux et violent (mais qui pleure en écoutant Claude François) à « la carrure d’équarrisseur », passionné de chasse, de TV et de whisky. La mère soumise s’adapte comme elle peut aux humeurs de son mari. Elle ne semble pas servir à autre chose qu’à faire la cuisine et apporte plus d’amour à ses chèvres qu’à ses enfants. Gilles et sa sœur passent la plupart de leur temps dans une décharge et vont voir leur destin bouleversé à cause d’une envie de chantilly (on y revient).

Le plus étrange dans cette famille, c’est la place qu’occupe « la chambre des cadavres » dans leur maison. On y trouve des animaux empaillés qui semblent continuer à exister. Gilles va d’ailleurs changer et sa transformation effraie tellement sa sœur qu’elle décide d’inventer une machine à remonter le temps.

« Ce qui vivait à l’intérieur de la hyène avait migré dans la tête de mon petit frère. Une colonie de créatures sauvages s’y était installée, se nourrissant des lambeaux de sa cervelle. Cette armée grouillante pullulait, brûlait les forêts primaires et les transformait en paysages noirs et marécageux. »
Par moment, j’ai pensé au Magasin des suicides de Jean Teulé en lisant La vraie vie. A la fois drôle et grinçant, ce livre nous fait découvrir des personnages attachants comme ce professeur Pavlovic et son épouse au masque blanc. Nous avançons page à page cachés dans la tête de l’héroïne courageuse, prête à tout pour sauver son frère. Et rien que d’y penser, j’en frissonne encore.
Babeth, février 2019

Paroles d’une résiliente

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Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie de Virginie Grimaldi
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Virginie Grimaldi a ce don de nous faire passer du rire aux larmes. Son humour me rappelle celui de Margaux Motin. C’est vif, percutant et ça sent le vécu. On l’entendrait presque parler !

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Ma mère conduit aussi bien qu’elle cuisine. Au deuxième virage, j’ai envie de vomir. Au troisième rond-point, j’ai envie de sauter. A la cinquième tentative de créneau, j’ai envie d’être adoptée.
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Si nous sommes émus par ses mots, c’est certainement parce que Virginie Grimaldi nous renvoie à des situations que nous avons vécues, que ce soit dans nos vies ou celles de nos proches : un deuil, une séparation, un conflit familial ou des non-dits.
Ben n’aime plus Pauline. Quoi de plus banal ! Ce qui est embêtant c’est que Pauline aime toujours Ben. Alors elle décide de lui envoyer des lettres tous les jours pour lui rappeler tous les bons moments passés ensemble. Non, ne partez pas ! En effet, c’est encore une histoire qui raconte le refus d’accepter une séparation, mais avec Virginie on est dans le vrai. Parce qu’elle appuie là où ça fait mal. C’est bien beau de ne regarder que la moitié du verre plein, de se remémorer que les bons souvenirs d’une histoire d’amour, mais parfois il faut regarder ce que l’on tente d’oublier.
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Ce n’est pas parce que cela ne se termine pas comme vous le voulez que cela ne se termine pas bien.
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Derrière cette histoire de couple, il y a tout au long du roman une relation mère-fille douloureuse. J’ai trouvé intéressant cette double écriture sur l’histoire d’amour et l’histoire familiale. On sent chez Pauline une blessure profonde, et honnêtement je ne m’attendais pas aux révélations faites dans la dernière partie du roman.
A mettre dans votre valise pour cet été.
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Babeth, 29 mai 2017

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Pour en savoir plus sur Virginie Grimaldi, vous pouvez relire cet interview.
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Et je danse aussi, une écriture à quatre mains

et je danse aussi liseuses de bordeauxEt je danse aussi est un échange de mails entre un auteur, Pierre-Marie Sotto, et l’une de ses fans, Adeline Parmelan. Cette dernière lui a envoyé par la poste une grosse enveloppe mais regrette de l’avoir fait. Car Mme Parmelan a des choses à dire, mais beaucoup à cacher…

Pierre-Marie Sotto, qui n’écrit plus trop ces derniers temps, est intrigué et trouve, dans ces échanges épistolaires, une occasion de se remettre à écrire. Mais il doute cependant de la crédibilité de cette étrange correspondante qui lui fait penser à son amour perdu… Il va demander à des amis d’enquêter secrètement sur elle.Lire la suite »

Lucy in the sky de Pete Fromm

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer Pete Fromm pour son ouvrage Indian Creek, roman écrit dans la plus pure tradition du nature writing. Actuellement en tournée en France (pourquoi diable ne vient-il pas en Gironde ?), l’auteur originaire du Wisconsin nous revient en bonne forme avec un récit très maîtrisé,  Lucy in the sky. Comment […]