Ecrire à l’ère de Trump – Festival international du livre et du film de Saint-Malo

En quoi la présidence de D. Trump marque-t-elle la littérature de notre époque ?
Cette problématique, naturellement attendue par le public car elle s’inscrit dans une actualité politique et culturelle américaine très médiatisée, est soumise au témoignage de trois écrivains américains : Stephen Markley (Le déluge), Lauren Groff (Les terres indomptées) et Mateo Askaripour (Tous les invisibles) dans le cadre du festival de Saint-Malo Etonnants voyageurs. Si tant est, bien sûr, comme le fait remarquer habilement le médiateur, que le nom de Trump puisse à lui seul définir l’époque actuelle.
Lauren Groff réagit avec force à cette remarque : « Il n’est pas question que Trump colonise ma pensée comme lors de son premier mandat ! » A l’époque, les institutions jouaient leur rôle et pouvaient opposer une résistance. Aujourd’hui, « il est l’institution ». Lui et son système détricotent la démocratie américaine en faisant pression sur la justice, la culture, l’administration, les médias et l’enseignement. Mais il ne leur enlèvera pas la liberté de penser qu’il existe un monde meilleur.
Matéo Askaripour fait remarquer que ce mandat aura un terme qu’ils doivent attendre sans se décourager, hors de question qu’il les privent de leur joie de vivre, sans cela, ça voudrait dire qu’il a gagné ! Stephen M. acquiesce, nous assistons à une déferlante avec une concentration de la puissance économique autour du pouvoir politique ; une poignée de psychopathes fait la loi dans un climat de peur. Lucide, il ajoute que Trump n’est pas le problème en soi, il est le symptôme de quelque chose de sous-jacent.

Lire la suite »

Humus de Gaspard Koenig

Homo vient d’humus. Homo vit d’humus. Puis Homo a détruit humus. Et sans humus, pas d’Homo. Simple.

Voilà qui donne à la fois le titre, le sujet et le ton du dernier roman de Gaspard Koenig paru aux éditions de l’Observatoire et récemment disponible en format poche.

 Au fil de cette tragi-comédie aux accents balzaciens nous suivons les aventures d’Arthur et de Kevin, deux jeunes étudiants à AgroParisTech où ils connaissent une épiphanie en sortant d’un cours sur les lombrics donné par un vieux professeur. A la suite de Darwin celui-ci démontre que les vers de terre permettent par leur travail de labour la transformation d’un sol moribond en une terre régénérée ce qui suffit à convaincre nos deux héros qu’il est urgent d’agir.

 Ce roman à la fois roman réaliste, roman d’idées et roman d’apprentissage plonge le lecteur dans l’actualité écologique et conduit les deux agros à agir dans deux directions de plus en plus opposées au cours de l’action. L’un s’engage dans la voie de la technologie, l’autre dans celle de la néo ruralité et tous deux connaissent parfois sur le mode de la farce un certain nombre de revers.

Lire la suite »

Et au milieu coule une rivière

ron-rash-le-chant-de-la-tamassee-liseuses-de-bordeaux

Nous avons déjà beaucoup écrit sur Ron Rash et avions déploré à l’époque qu’on ne parle pas plus de lui en France. Avec Une terre d’ombre, élu meilleur roman noir en 2014 par le magazine Lire, cet oubli est enfin réparé. Désormais, la sortie d’un de ses romans est un événement salué par la critique et l’apparition de l’auteur américain sur la plateau de La Grande Librairie, le 21 janvier dernier, constitue un preuve supplémentaire de sa consécration.

Le chant de la Tamassee, son deuxième roman, est paru en 2004 aux États-Unis. Enfin traduit en français, il vient d’être édité aux éditions du Seuil.

Dans ce roman, Maggie Glenn, la narratrice, est photographe pour un journal de Columbia. Un fait divers tragique vient d’avoir lieu dans le comté d’Oconee dont elle est originaire et elle est dépêchée sur place pour couvrir l’événement avec son collègue Allen Hemphill.Lire la suite »