Un week-end dans le Michigan et Indépendance, de Richard Ford

C’est avec Un week-end dans le Michigan (1986) que Richard Ford « étrenne » le personnage de Frank Bascombe que l’on retrouve ensuite dans Indépendance (1995, Prix Pulitzer 1996) puis dans L’état des lieux et, plus récemment, En toute franchise.

Des configurations assez similaires pour ces deux romans qui nous font découvrir son personnage, le temps d’un week-end à chaque fois. Dans le Michigan d’abord avec sa petite amie après son divorce et le décès de son fils aîné ; lors d’un week-end prolongé de fête de l’Indépendance du 4 juillet ensuite, durant lequel il se partagera entre une compagne avec laquelle sa relation est en sursis et son fils cadet au comportement saturé de signaux faibles et inquiétants. Dans les deux cas, son ex-femme est là dans le paysage, proche puis plus lointain, lui signifiant une époque définitivement révolue qui reste le marqueur majeur de son existence, une époque où possible et réel n’étaient pas si distendus.

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Blizzard, de Marie Vingtras

Blizzard ainsi s’intitule le premier roman de Marie Vingtras pour lequel le prix des Libraires 2022 lui a été décerné. Dès la toute première phrase – Je l’ai perdu – le lecteur se trouve projeté au cœur d’un drame qui se joue au beau milieu d’une tempête de neige en Alaska. A peine Bess s’est-elle penchée pour renouer un lacet desserré que le blizzard a englouti l’enfant qui l’accompagnait. Il y a urgence, elle se met aussitôt à sa recherche dans ce monde opaque où tout repère a disparu. Mais déjà, elle n’est plus seule dans cette immensité, elle est suivie de près par quelques habitants de ce bout d’Alaska qui ont constaté son absence. 

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Derniers feux sur Sunset

Avec Derniers feux sur Sunset, Stewart O’Nan offre à ses lecteurs une belle biographie romancée des dernières années de la vie de Francis Scott Fitzgerald.

L’auteur de Gatsby le magnifique est au crépuscule de sa vie, criblé de dettes et alcoolique. En 1937, il part s’installer à Hollywood avec l’espoir que sa notoriété d’écrivain lui permette de participer à quelques scenarii et d’avoir ainsi son nom au générique d’un film. Il quitte donc l’est des Etats-Unis, laissant Zelda en proie à la folie, internée dans un hôpital psychiatrique, et leur fille Scottie en pension. Mais les studios hollywoodiens ne font pas grand cas de Fitzgerald, à qui ils confient l’écriture de scénarii de films faciles et sans envergure, pour les lui retirer presque aussitôt et les confier à d’autres scénaristes. Il est traité comme un écrivaillon interchangeable, ce qui renforce son sentiment que ses faits d’écriture sont derrière lui.Lire la suite »

En toute franchise

en-toute-franchise-richard-ford-liseuses-de-bordeauxRichard Ford est inégalable lorsqu’il s’agit de relever des détails infimes de la vie, de raccrocher les événements qui tourmentent le monde à une vie plus ténue. Il est l’écrivain qui peut traiter avec discrétion et intelligence de sujets universels comme la vieillesse, la mort, la foi, le mariage… tout en étant caustique et politiquement incorrect.

Dans En toute franchise, Richard Ford rappelle Franck Bascombe, héros de trois de ses précédents romans, aujourd’hui âgé de soixante-huit ans. Après avoir vu l’une de ses anciennes maisons littéralement retournée par l’ouragan Sandy, Franck, ancien journaliste sportif et agent immobilier, dresse un bilan de sa vie. Ses questionnements sont assurément universels et les lecteurs y retrouveront les leurs : Que vaut une révélation dont les faits se sont passés il y a trente ans ? Quelles relations entretenons-nous avec nos enfants et notre ex-femme malade ?Lire la suite »