Les Liseuses donnent leur avis sur ce livre nominé au Prix des Lecteurs-Escale du Livre.

ON AIME
Avant même l’obtention du prix Goncourt, plusieurs critiques m’avaient donné envie de lire ce livre. Et je n’ai pas été déçue. Tout y est : une écriture fine, une analyse profonde des personnages, une histoire passionnante et une trame digne d’un roman policier ( dont l’auteur est issu).
Deux soldats vont se rencontrer sur le champ de bataille à la veille de l’armistice de 1918. Blessés, ils vont se retrouver dépendants l’un de l’autre. Trop abîmés pour un retour à une vie normale et déçus par un Etat qui s’occupe plus des morts que des vivants, ils vont monter une escroquerie d’une ampleur nationale et totalement amorale.
Ce roman est le contraire de ce que j’avais déjà pu lire sur la première guerre mondiale. Il ne glorifie pas ses soldats, n’en fait pas des héros. Les gradés et les traîtres réussissent. Les soldats blessés, tant moralement que physiquement, végètent dans un après-guerre qui n’a pas besoin d’eux et qui surtout n’en veut pas.
Pierre Lemaitre m’a tenue en haleine durant tout son roman. J’ai lu quelque part qu’il écrivait également des scénarios. C’est sans doute pour cela que ce roman est aussi réaliste et rythmé.
Pour moi, un bon Goncourt.
Par Edith
ON N’AIME PAS
Je n’ai pas aimé « Au revoir là-haut »… sans doute parce que j’ai adoré « 14 » d’Echenoz.
Autant j’ai été impressionnée et émue par la concision d’orfèvre du texte d’Echenoz qui en une centaine de pages convoque toute l’horreur et le gâchis de 14/18, autant le style de Pierre Lemaitre m’a irritée.
Pierre Lemaitre ne montre pas, il démontre. Il raconte, il explique, ne laissant au lecteur aucun espace pour se projeter dans les situations vécues par ses personnages.
J’ai lu les 566 pages de son livre sans parvenir à me représenter ni Albert, ni Edouard, ni les décors, ni les atmosphères.
On parle à propos d’ « Au revoir là-haut » de roman naturaliste, d’ambition picaresque. L’écriture est effectivement datée. Il y a du Maurice Leblanc chez Pierre Lemaitre.
On trouve de bonnes idées comme l’arnaque aux monuments aux morts mais l’intrigue est cousue de fil blanc, les rebondissements tirés par les cheveux (ce qui pour un auteur de polars est embêtant).
Les méchants sont très méchants, les gentils très gentils. Tout ceci fait peut-être un roman mais un Goncourt ?
Au final, ce que je préfère, c’est l’exergue emprunté à Jean Blanchard fusillé pour traîtrise le 4 décembre 1914 et réhabilité le 29 janvier 1921 : « Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère que Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma chère épouse… ».
Par Hélène