Le 20 janvier, bibliothèques et librairies ont ouvert leurs portes en soirée pour dévoiler de manière ludique et festive la richesse de leurs collections*. Certains lecteurs ont pu, comme à Limoges, dormir dans la médiathèque. D’autres lieux ont proposé des jeux et des lectures. C’est le cas de la médiathèque de Podensac où s’est rendue Babeth…
Il fait nuit, je déambule dans la bibliothèque sans but précis. Juste observer, capter les sons, regarder les autres lecteurs, curieux comme moi de cette belle aventure. Je leur souris. Déjà l’entrée donnait le ton : quelques bougies dans des pots montrant le chemin. Un guide chapeauté (et accompagné d’un drôle d’animal en peluche sur l’épaule) me donne, d’une voix douce, le choix entre deux espaces.
A gauche, le ventre de la nuit où nous entendrons tirades, monologues ou dialogues. Dans ce lieu, du tissu noir a été attaché telle une tente berbère, éclairée par une petite lampe ancienne. On y trouve chaises et coussins. Au fond, un drap blanc servira aux lectures en ombres chinoises.
Je décide d’aller à droite où la bibliothèque s’étend devant moi dans une semi obscurité. Un coin boissons et marshmallow me replonge en enfance. Un peu plus loin, je suis attirée par un crépitement de cheminée. Des flammes sortent d’un grand écran de TV. A côté de cette chaleureuse projection, deux fauteuils moelleux et une dame concentrée sur sa lecture au coin du feu imaginaire.
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J’échange quelques mots avec des visiteurs. Nous sommes zen. Cette nuit de la lecture nous permet une approche toute nouvelle de cet espace pourtant bien connu. Ce soir, pas de livre à emprunter ou à rendre, pas de but. Juste profiter du moment sans chercher quelque chose de particulier. Etre présent et passer un bon moment. On adresse la parole à des inconnus alors qu’en temps normal on cherche un livre sans vraiment prêter attention à ce qui nous entoure.
Je prends l’escalier pour découvrir l’espace jeunesse en sous-sol. De nouveau je suis guidée par la lumière d’une guirlande lumineuse le long de la rambarde. Peu à peu, des tentes indiennes faites de draps blancs apparaissent. Légèrement éclairées, on y voit parfois une petite fille hypnotisée par la lecture de son papa. Plus loin, une bibliothécaire tourne les pages d’un album devant un groupe d’enfants allongés sur le ventre, tête dans les mains et pieds en l’air.
La magie opère. C’est dans le ventre de la nuit que je passerai la plus grande partie de la soirée.
Chacun peut lire à voix haute et partager un texte auquel il est attaché. De nombreux textes ont trait à la lecture et la place du livre dans la vie. On pourra aussi entendre des vagues (Une vie à coucher dehors de Sylvain Tesson), le chant de la chouette, mais aussi voir apparaître une femme voilée derrière le drap blanc (nouvelle tirée de Quand nous serons heureux de Carole Fives, intitulée Le voile).
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Il y aura aussi des rires et des lecteurs amusés avec Junior, nouvelle à rebondissements d’Anna Gavalda dans Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part. C’était une première pour la médiathèque de Podensac, et une première bien réussie.
Vivement l’an prochain !
Babeth, 28 janvier 2018
* La Nuit de la lecture est une initiative du Ministère de la Culture