Badjens, de Delphine Minoui

Avec son dernier roman Badjens, Delphine Minoui nous parle d’un Iran d’aujourd’hui où les jeunes femmes ont entrepris un soulèvement pour faire entendre leur voix, pour être respectées au même titre que les hommes, pour avoir le choix de porter ou non leur foulard.

Comme nous l’a dit l’autrice au salon Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, ce roman, c’est un pas de côté par rapport à son métier de journaliste. Il y a d’abord un propos, le port du voile obligatoire en Iran, et après elle a tissé un fil imaginaire grâce à la fiction pour raconter l’histoire de cette jeune fille.

Lire la suite »

Journal inquiet d’Istanbul, d’Ersin Karabulut

Avez-vous déjà été à Istanbul ? Et si oui, y avez-vous perçu un sentiment d’inquiétude ?

Probablement pas vraiment… tout comme on ne comprend pas bien, vu de loin, comment la politique et la société turques évoluent, c’est pourquoi je vous conseille de lire cette bande dessinée Journal inquiet d’Istanbul, pour prendre la température de ce pays qui en permanence oscille entre laïcité et fondamentalisme, une alternance au service d’un nationalisme qui dessine une ligne droite dont nul n’envisage de dévier, une ligne qui fait son chemin entre Orient et Occident.

Ersin Karabulut, dessinateur de bande dessinées, caricaturiste à ses heures, y décrit et y croque son parcours de vie, la difficulté de faire accepter très tôt le choix de son métier, un choix osé sans assurance de revenus stables mais aussi un choix éventuellement pourvoyeur d’ennuis dans une société où les fondamentalistes tirent les ficelles de plus ou moins près…

Lire la suite »

Le duel des grands-mères, de Diadé Dembélé

Hamet va à l’école laïque de langue française de Bamako. Autour de lui, tout le monde parle soninké, bambara, peul et bien d’autres langues locales. Il y est inscrit pour faire honneur à son père, qui travaille en France, et qui n’a pas pu étudier cette langue. C’est un garçon intelligent qui rentre de l’école frustré de ne pas être à la hauteur. Il aime le français, mais il n’aime pas la façon dont on le lui enseigne. Alors il va faire l’école buissonnière.

La vendeuse de froufrou pense que je vais en classe, le boutiquier pense que je vais en classe, M’ma pense que je vais en classe, donc on est d’accord que je vais en classe.

Lorsque la fourberie est découverte, ses parents décident de l’envoyer au village de sa famille pour lui apprendre la vie. En arrivant chez sa grand mère, il parle en bambara, la langue de son cœur, ce qui est offensant pour les villageois qui comprennent le soninké. Ici c’est la savane, il y a des « méchants » et des « bêtes sauvages ».

Ces jours m’effraient. Ce vent m’agresse. Les cris des animaux m’agacent. Ce village me répugne.

Lire la suite »

La nuit des béguines d’Aline Kiner

Cela faisait longtemps que je voulais lire ce roman car prendre comme sujet le béguinage est un choix étonnant. En effet, le béguinage, en France, relève d’une période historique courte, entre la fin du XIIème et la fin du XIVème siècle. Il s’agit aussi d’écrire sur des femmes qui, au Moyen-Âge, sont indépendantes et libres.

Aline Kiner choisit pour contexte historique la reprise en main de l’autorité politique par le rigide Philippe le Bel. Un grand nettoyage est mené, en particulier à l’encontre des Templiers. De plus, les béguines sont aussi dans le collimateur de l’Inquisition. Une des leurs, Marguerite Porete, a été arrêtée et condamnée au bûcher.Lire la suite »