De pierre et d’os de Bérengère Cournut

De pierre  et d’os, de Bérengère Cournut

Avec ce post continue l’exploration des cinq romans sélectionnés pour le Prix des lecteurs-Escale du Livre 2020. Direction l’Arctique.

Une nuit de grand froid polaire, Uqsuralik est brusquement séparée de sa famille par une fissure de la banquise. Le sol glacé se fend, la faille devient chenal et l’igloo familial s’éloigne dans la brume.

Seule dans ce monde hostile, la jeune Inuite engage alors une formidable lutte pour sa survie : ne pas mourir de faim, ne pas mourir de froid, ne pas sombrer dans la folie et le désespoir, retrouver une famille pour se maintenir en vie.

Présenté sous la forme d’un long conte poétique, ce récit est une plongée dans la culture et les traditions du peuple inuit. Un monde chamanique où l’homme vit en accord avec son environnement, où les esprits des défunts visitent les vivants, où les frontières entre le monde d’ici-bas et l’au-delà s’entrouvrent et diffusent le souffle des chants et les paroles des légendes.

Bérengère Cournut signe un magnifique roman d’apprentissage, un roman de nature writing version Arctique, sans avoir jamais foulé la banquise.

Une très belle découverte.

Marisa, 29 février 2020

Le bruit des tuiles de Thomas Giraud

Le bruit des tuiles, de Thomas Giraud

Avec ce post commence l’exploration des cinq romans sélectionnés pour le Prix des lecteurs-Escale du Livre 2020. 

L’histoire : En 1855, Victor Considerant, ingénieur économiste polytechnicien français et disciple de Charles Fourier, a dans l’idée un projet révolutionnaire de vie communautaire inspiré des phalanstères. Il  recrute des colons français et suisses et fait acheter, sans les avoir visitées lui-même, des terres près d’un village isolé au Texas, Dallas, pour y fonder la nouvelle ville de Réunion.
5 années de difficultés multiples, qu’il s’agisse de la cohabitation entre les colons sociétaires, de leurs relations avec Considerant, des rapports avec le voisinage ou des aléas climatiques et naturels, auront finalement raison d’une utopie qui devait révolutionner de manière définitive la manière dont les hommes et les femmes pourraient vivre, travailler, penser et s’aimer. (Résumé éditeur)

L’écriture : Thomas Giraud possède un style élégant composé de phrases amples, belles et pleines. Par le soin apporté à la langue, l’auteur élabore un récit au phrasé musical et poétique, un texte qu’on est tenté de lire à haute voix, pour mieux en percevoir la finesse et les nuances.

Les personnages :
 Du départ de France à l’arrivée au Texas, l’auteur suit le destin de ces futurs colons qui ont tout abandonné pour construire une société idéale : Victor Considerant, d’abord, l’intellectuel aux moustaches tombantes, théoricien à l’origine du projet, Frick le colosse venu de Suisse avec des outils et quelques poignées de sa terre natale, Leroux, l’agriculteur qui tentera jusqu’au dernier jour de rendre cette terre fertile, … et tous les autres.
Dans un même élan, séduits par les belles paroles de Considerant, ces futurs colons ont quitté leurs proches et leurs biens, caressant l’espoir d’une Terre promise.

« Considerant a montré en ouvrant les bras l’étendue du plateau, le plat, le sable, des touffes d’herbes, des arbres nains, des cactus; voit-il le plat, le sable, des touffes d’herbes, des arbres nains et des cactus ou bien un autre monde avec des champs de blé de petites usines harmonieuses des maisons propres et charmantes des cris d’enfants qui jouent et un sentiment entre la franche camaraderie et l’amour entre tous ? C’est assez plat, c’est assez jaune parce que sablonneux. Probablement que si en partant du Havre tout le monde avait pu voir ça, beaucoup auraient renoncé. Mais après les semaines de mer, la traversée rude et épuisante des Etats-Unis, personne ne regardait vraiment ce qu’il y avait, c’était très bien car au moins c’était la fin du voyage, tous ne voyaient que ça. »

Pourquoi on le conseille : Il y a mille et une façons de raconter la même histoire. Thomas Giraud réussit à nous faire vivre ce projet de cité idéale de l’intérieur, aux côtés des personnages, de leurs espérances, leurs certitudes et leurs doutes.
Le bruit des tuiles est le récit d’une chute, lente, inexorable, une chute qui prend son temps, le temps d’avaler ses regrets, de faire taire ses rêves, puisqu’il faut bien survivre et qu’aucun retour n’est possible.
Même s’il connaît l’issue de cette aventure, le lecteur tourne les pages, happé par la narration, spectateur impuissant de ce formidable fiasco.

Marisa, 25 février 2020

L’annonce du lauréat du Prix des lecteurs-Escale du livre se fera le vendredi 13 mars à 18h30 à la bibliothèque de Bègles. L’auteur primé sera présent à l’Escale du Livre (3-5 avril) et recevra le Prix à cette occasion.

Conversation avec Aurélie Tronchet, traductrice

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Aurélie Tronchet a reçu le prix de littérature traduite du festival Lire En Poche pour sa très belle traduction du roman Esprit d’hiver de Laura Kasischke. On n’a pas pu s’empêcher de lui sauter dessus à peine le prix remis…

Vous venez de recevoir le prix de littérature traduite pour votre traduction du roman Esprit d’hiver de Laura Kasischke. Comment vous sentez-vous ?
Je suis très touchée. C’est à la fois très gratifiant et un peu déstabilisant car je ne suis pas l’auteure même si je fais un travail d’écriture créative. Je suis fière.Lire la suite »

Kinga Wyrzykowska, lauréate du prix Plume 2015

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Le prix Plume de l’enseigne Cultura, qui couronne un premier roman jeunesse, a été remis mardi 16 juin à Paris. J’ai eu la chance d’être sur place et de discuter avec la grande gagnante : Kinga Wyrzykowska, lauréate pour son roman Memor, le monde d’après.
Son roman fantastique nous parle de deux mondes : le nôtre et Memor, « le monde d’après » où les défunts vivent en sursis, suspendus au souvenir des hommes.
Jeune garçon arrivé en France depuis peu avec sa famille, Tomek a quitté la Pologne et ses origines après la mort accidentelle de son frère Tadzio. On découvre alors une famille qui tente de se reconstruire malgré l’absence de Tadzio.
Avant de quitter la Pologne, la merveilleuse Baba Mira a confié à Tomek la Mnémosyne, une pierre qui donne à celui qui la possède le pouvoir d’appeler les morts. Or celui-ci s’aperçoit que son frère Tadzio s’efface de la dernière photo prise de lui avant l’accident. A l’aide de cette pierre, Tomek va se rendre à Memor. Commence alors une course folle pour retrouver Tadzio.Lire la suite »