L’annexe

Anna est une espionne, toujours en mission aux quatre coins du monde et ne se sent jamais chez elle, à part dans le logement exigu où Anne Frank et sa famille s’étaient réfugiées, à Amsterdam, appelé l’Annexe. Anna y retourne souvent.

Ce jour-là, suivie, elle est exfiltrée par l’organisation pour laquelle elle travaille et installée dans une maison dont elle ne sait pas l’emplacement géographique, même si elle croit reconnaître Montréal. Anna y est accueillie par Celestino, gardien du lieu, fantasque et amoureux de la littérature comme elle. Elle rencontre sept autres agents, gardant l’incognito et le silence sur les raisons de leur présence.

Lectrice passionnée, Anna associe chaque situation de la vie à une scène lue dans un roman et identifie chacun de ses partenaires à un personnage de littérature, comme un vieux couple d’origine slave qu’elle nomme « les Tourgueniev ». En parallèle, Anna entretient une dangereuse relation littéraire avec Celestino, exploitant ces héros qui ont marqué son imaginaire pour mieux comprendre son nouvel environnement. Petit à petit, la vie reprend, des habitudes s’installent entre lecture, sport et dîners mondains : une prison dorée, le temps de se faire oublier. Doucement, le huis clos devient pesant, les méfiances s’aiguisent et la mort s’invite. 

J’ai été très curieuse de savoir à quoi la vie d’espionne ressemblait. Cette idée très originale m’a permis de me glisser à la place de l’héroïne et de vivre par procuration une exfiltration. De plus, le jeu que mène la narratrice et Celestino à travers la littérature est très habile car il leur permet à la fois de cacher leurs personnalités mais aussi de tenter de percevoir les intentions de l’autre. C’est une sorte d’interrogatoire subtil et érudit que chacun ferait subir à l’autre. Il faut une grande culture littéraire. Heureusement, Catherine Mavrikakis puise beaucoup dans la littérature française et pour les autres références, je dois bien avouer que je les ai notées pour les lire plus tard ! Bien sûr, cela reste entre nous…

Bérengère, 23 septembre 2020

Déneiger le ciel d’André Bucher

andre-bucher-deneiger-le-ciel-liseuses-de-bordeaux

Voilà aux éditions Sabine Wespieser un petit bonheur de lecture pour cette nouvelle année !

Vous le lirez sans doute d’une seule traite, et l’idéal serait de le lire au coin d’un feu, alors qu’il neige au dehors… Mais à défaut de montagnes et de flocons, l’auteur saura vous emmener, un 23 décembre, dans une rude nature qui confronte parfois l’homme à son histoire, ses limites et ses ressources.

L’histoire est celle d’une nuit bien insolite au fond d’une vallée reculée des Alpes… Pour la première fois depuis vingt ans, David ne partira pas déneiger les routes avec son tracteur. David est veuf. Il est seul dans sa ferme isolée et attend la visite de son « presque » fils. Le jeune homme a annoncé sa venue tardivement et a décidé de finir le trajet à pied, malgré la tempête. Le ciel n’est plus qu’un rideau de neige, le froid gèle les cascades. David s’inquiète…. Il part alors à la rencontre de ce « presque » fils, sur les chemins de silence et de glace.Lire la suite »

Attention : Amours de Léonor de Récondo est un roman sensible

leonore-de-recondo-amours-les-liseuses-de-bordeauxDans la France provinciale du début du XXème siècle, deux femmes s’aiment. L’une, Victoire, est une bourgeoise corsetée et désœuvrée, mariée par petite annonce à un notaire avec qui elle ne partage rien. L’autre, Céleste, bonne à tout faire, fille d’une famille de paysans pauvres et rudes, n’attend rien de la vie et subit le droit de cuissage du maître de maison. Rien ne se fait par amour dans cette maison. Tout n’y est que convenances, secrets et silences. Drame ordinaire dans une maison bourgeoise dont « les métrages de tissu […] absorbent les soupirs pour n’en restituer qu’un écho ouaté ».

Sauf que les deux femmes s’aiment. Et le titre de ce roman prend tout son sens : amour de deux femmes, amour d’une mère pour un enfant, amour d’une femme pour son mari mutilé par la guerre.Lire la suite »

Rencontre avec Léonor de Récondo

leonor-de-recondo-liseuses-de-bordeaux

Léonor de Récondo est venue nous faire savourer quelques extraits choisis de son dernier livre, Pietra Viva (paru en août 2013), sous la forme d’une lecture musicale. Cela eut lieu le 5 février dernier, dans le cadre des rencontres de l’Escale du livre 2014, au petit théâtre de l’Inox, avec Léonor au violon et Chloé Lacan à l’accordéon.

Un temps de rencontre préalable nous a offert un moment de partage riche et sympathique. Léonor, musicienne, se consacre essentiellement à la musique baroque. Elle est aussi écrivain depuis ses carnets et essais d’adolescence, puis la première publication de La grâce du cyprès blanc en 2010.Lire la suite »