La femme au Dragon Rouge, de J.R. dos Santos

Découvert et édité en France par les éditions Hervé Chopin, J.R. Dos Santos est un ancien reporter de guerre. Journaliste, il est depuis de nombreuses années le présentateur vedette du 20H au Portugal. Ecrivain, il est connu dans le monde entier avec la saga Tomas Noronha, cet éminent professeur d’histoire spécialisé en cryptologie dont on suit les aventures qui servent toujours le même but : remettre en cause une vérité préétablie. Ce qui fait la force des romans de J.R. Dos Santos, c’est l’énorme travail de recherche, d’analyse d’une situation derrière chacun de ses romans.

Et c’est justement l’aspect géopolitique de son dernier thriller érudit qui m’a intéressé. Dans « La femme au dragon rouge » nous suivons deux intrigues en parallèle qui finissent par se croiser. D’une part Tomas Noronha doit retrouver sa compagne enlevée en Inde avec une mystérieuse femme au voile noir. D’autre part, nous découvrons une jeune Ouïghour en Chine, dans la région du Xinjiang, où les Hans forment la majorité ethnique. A travers elle, nous suivons le plus grand système de censure, de surveillance et de contrôle de la population au monde avec des violations massives de la vie privée et des droits des personnes. Installant des caméras dans chaque rue, mais également dans les logements des minorités ethniques, la surveillance devient aussi normale que l’air qu’on respire. Puis, c’est l’atrocité des Laogai, ces camps de concentration soit disant crées par le parti communiste chinois pour prévenir l’extrémisme, le terrorisme et le séparatisme, qui sont décrits.

La véritable fonction des nouveaux laogai était d’éradiquer les Ouïghours en tant que communauté. Pour y arriver, il fallait effacer leur culture. Et, surtout, empêcher leur procréation. En d’autres termes, ce qui se passait secrètement dans ces camps de concentration, c’était en réalité une éradication biologique, subtile et invisible, par la stérilisation d’un peuple.

Lavage de cerveau visant à «purifier les esprits», maltraitance, viols de femmes et d’hommes, trafic d’organes et stérilisations forcées sont de mise. A l’intérieur des Laogai, les ethnies minoritaires travaillent dans des usines de confection sans être rémunérés. Une nouvelle forme d’esclavage au profit du parti. Il y aurait entre 1 et 3 millions de prisonniers qui seraient passés par les camps de concentration chinois du Xinjiang sur une population totale de 11 millions de Ouïghours. A l’extérieur de ces camps, la situation n’est pas meilleure. Ce que j’ai appris en lisant ce roman, et qui m’a horrifié, c’est qu’il existe une campagne du parti se nommant « devenir une famille » dont l’idée est d’établir une unité ethnique. Le programme prévoit qu’un cadre du parti communiste chinois vive une semaine par mois avec des autochtones pour soit disant « promouvoir la communication, l’interaction et la compréhension mutuelle ». De confession musulmane, les Ouïghours sont obligés de manger du porc, d’abandonner toute pratique religieuse, d’être soumis au parti. Les femmes ouïghours doivent satisfaire tous les besoins du Han qui s’installe chez elles allant jusqu’aux abus sexuels.

Ce roman décrypte les véritables intentions du parti communiste en Chine. L’auteur s’est fortement documenté, il revient sur l’histoire politique de ce pays : de la période des royaumes combattants à la nouvelle route de la soie où les méthodes de dissimulation et de manipulation sont identiques dans le but de détenir le pouvoir. Depuis de nombreuses années, le parti communiste chinois aide les pays les plus pauvres en leur prêtant de l’argent et en construisant des infrastructures dont ces pays ont besoin (route, port, aéroport, pont, centrale électrique…) : un véritable cheval de Troie. Car les pays qui ont ainsi bénéficié de l’aide de la Chine ne peuvent se rebeller et soutiennent le parti communiste chinois notamment lors des votes à l’ONU. Le but est d’encercler progressivement les pays les plus riches. Toute la grande stratégie secrète du parti communiste chinois n’a jamais été de se diriger vers un développement pacifique de la Chine, comme on a pu le répéter au fil du temps, mais de renverser l’Occident.

J.R. Dos Santos, a réuni une multitude d’informations afin de faire connaître la vérité sur le parti communiste chinois, et je ne vous ai donné que les principales. Il agrémente son thriller d’une postface où il donne toutes les sources sur lesquelles il se base. Je ne peux m’empêcher de vous partager cette citation que je trouve de bonne augure pour commencer cette année 2025 :

N’oublions jamais que, chaque fois que nous achetons certains produits fabriqués en Chine, ils ne sont particulièrement bon marché que parce qu’ils ont été fabriqués par une main d’œuvre forcée à travailler et qui n’a pas été rémunérée. En d’autres termes, nous achetons un produit fait par des esclaves et, se faisant nous finançons l’esclavage.

Babeth, le 04 janvier 2025

La Femme au Dragon Rouge, José Rodrigues dos Santos, 2023, les éditions Hervé Chopin

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