Tous les silences ne font pas le même bruit de Baptiste Beaulieu

C’est beau un homme quand même. Un homme, un vrai. Un homme comme Baptiste Beaulieu qui respecte les femmes, qui les soutient parce qu’il les voit dans son cabinet, il les entend.

« Ma femme est en pleine ménopause. Elle est de mauvaise humeur. J’ai droit à rien, même pas à une petite caresse de dépannage de temps en temps ». Sa femme se débat avec les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur, le moral en berne, le maelström hormonal, et lui en bon gros mâle pourri gâté, il boude parce qu’il n’a même pas droit à ses caresses « de dépannage ».
Alors oui, tu le sais, on te dira « pas tous les hommes », comme si tu ignorais ce qu’est une généralisation abusive ! Et bien tu t’en fous : tant qu’il restera un seul pourri, il en sera de la responsabilité des autres de l’écarter, le temps qu’on lui inculque ce qu’il faut de respect et de dignité. Albert Camus disait « un homme ça s’empêche ».

Ce médecin, chroniqueur sur France Inter, qui ose dire les inégalités, les injustices, est aussi un écrivain. Alors lisez le, et en particulier Tous les silences ne font pas le même bruit. Il nous parle de sexualité, de toutes les sexualités mais surtout d’amour entre les êtres, quel que soit leur sexe. Nous vivons dans une société où nos identités sont politiques.

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Avant que j’oublie

Avant que j'oublie, d'Anne PaulyAvec ce post se termine l’exploration des cinq romans sélectionnés pour le Prix des lecteurs-Escale du Livre 2020. 

Ecrire sur un sujet grave avec une grande pudeur et une bonne dose de dérision, c’est possible !
Sur un ton très personnel, Anne Pauly nous fait partager une aventure humaine incontournable : le deuil d’un parent.

Anne affronte la mort de son père et le cafard qui s’en suit. Ce père était un homme complexe, pas facile à aimer, alcoolique longtemps puis, sur le tard, désireux d’une relation apaisée avec ses enfants. Après sa mort, en organisant son enterrement, en rangeant sa maison, en lisant des lettres, Anne découvre d’autres facettes de ce père qu’elle avait appris à aimer « malgré tout ». Derrière l’image de ce vieil homme unijambiste et bordélique se dessine un adolescent amoureux, un ami fidèle, un père fier de ses enfants.

On partage avec cette femme adulte qui se sent désormais orpheline, les moments de solitude, de doute, de douleur et les attendrissements pour ce père qui la fatiguait avec ses manies et ses grigris mais l’appelait « ma doucette » et l’aimait si maladroitement. Anna Pauly sait aussi, et c’est un des charmes de ce livre, nous faire sourire, souvent. L’enterrement, avec ses rites absurdes et les zombies des pompes funèbres, est un moment réjouissant. Il y en a de nombreux autres dans ce livre à la fois tendre et drôle. Anne Pauly sait débusquer dans les situations les plus tristes et les plus banales, le grain de folie, d’étrangeté, la part d’absurdité.

Avant que j’oublie est un premier roman profond et juste sur la façon dont on peut apprivoiser la disparition et toucher ainsi à une forme de sagesse. C’est aussi un très savoureux moment de lecture.

Isabelle, 11 mars 2020

Comment j’ai appris à lire d’Agnès Desarthe

Voilà un petit livre amusant et instructif, sur lequel je suis tombée un peu par hasard…
Si vous vous intéressez aux processus qui nourrissent le plaisir et l’apprentissage de la lecture, ce récit, bien singulier, vous intéressera sans doute !

Agnès Desarthe nous raconte une part un peu cachée d’elle-même, que les préjugés habituels ne nous laisseraient imaginer…

Comment une auteure dont on perçoit autant la jouissance de l’écriture et celle des mots a-t-elle pu résister aussi longtemps au plaisir de la lecture ? Lire la suite »

Compagnie K de William March

poche og1

Première Guerre mondiale. Décembre 1917. 113 soldats américains de la compagnie K combattent en France. Tour à tour convoqués par l’auteur, ils racontent le quotidien de la guerre, leur guerre, telle qu’ils la vivent, dans leur âme et dans leur chair.

Nul besoin de leçon d’histoire. En 113 courts chapitres, tout est dit. L’horreur, l’enfer des tranchées, la peur, la faim, les ordres absurdes qu’il faut exécuter, les balles qui vous frôlent, le regard du camarade qui tombe, la douleur, la mort qui vous prend, la désillusion face à un conflit qui s’enlise.
Au cœur de l’abîme, il est aussi question d’espoir, celui de survivre, de guérir, de quitter ce bourbier et la tentation, de plus en plus forte, de déserter pour sauver sa peau et ce qu’il vous reste d’humanité…Lire la suite »