Ásta

Ásta est le dernier roman traduit en français du romancier Asta, de Jón Kalman Stefánsson, figure majeure de la littérature islandaise. Profond et envoûtant, il est soutenu par l’excellente traduction d’Eric Boury.

Sigvaldi tombe de l’échelle depuis laquelle il peint une façade. Alors qu’il est étendu sur le sol, une femme se porte à son secours. N’arrivant pas à lui parler, il ferme les yeux et est projeté des années en arrière quand il vivait une liaison passionnelle avec la belle Helga. Il ouvre les yeux et se retrouve allongé sur le sol froid, une femme, peut-être norvégienne, penchée sur lui. Fatigué, il referme les yeux et voit Ásta, sa fille.Lire la suite »

Interview avec Pierre Raufast

Le cerbère blanc, de Pierre Raufast

Auteur atypique, Pierre Raufast se distingue par ses romans qui se lisent comme des contes modernes. Il se fait connaître en 2014 avec La fractale des raviolis aux éditions Alma et sort cette semaine son cinquième roman, Le cerbère blanc.
A cette occasion, nous avons voulu en savoir un peu plus sur cet auteur plein d’humour.

En lisant vos romans, je suis impressionnée par les explications scientifiques qui se mélangent à des notes d’humour. D’où vous vient ce goût pour les sciences ?
Je suis ingénieur de formation et je travaille dans la cyber-sécurité. (Ce qui a d’ailleurs donné Habemus Piratam, un roman qui concilie mes deux passions : littérature et cyber-sécurité !). J’ai toujours aimé les sciences pour ce mélange de rigueur, de poésie et de créativité qu’elles sous-tendent. Loin d’être barbantes, j’ai toujours considéré les mathématiques comme le summum de la créativité.

Quelle est la place de l’écriture dans votre vie ? L’écriture est une vraie passion depuis quelques années. Elle est nécessaire pour me recentrer, me ressourcer et assouvir mes besoins de créativité et de création. Elle est par ailleurs très complémentaire avec la lecture.

Quels sont les auteurs qui vous ont donné envie d’écrire ? Qui vous font rire ? 
J’ai été beaucoup inspiré par les auteurs sud-américains : le réalisme magique de Gabriel García Márquez (Cent ans de solitude), Mario Vargas Llosa (Tours et détours de la vilaine fille) ou Jorge Amado (Le vieux marin), sans parler de Jorge Luis Borges que je cite dans La variante chilienne.

Qui est Carlos Jose-Miguel Pilar-Pilar Gonzalez de Benitez, que vous citez dans plusieurs romans ?
CJMPPGdB est un personnage fictif. C’est une forme de running-gag dans tous mes romans quand je veux parler d’un ouvrage de référence. De même que la vallée de Chantebrie n’existe pas mais est un lieu imposé, ce monsieur l’est aussi.

Il y a également un animal que l’on retrouve assez souvent …Quelle est l’origine de votre obsession pour les rats-taupes ?
Je n’ai pas d’obsession pour les rats-taupes ! Dans La fractale des raviolis, ils jouent pourtant un rôle central qui m’a beaucoup amusé à écrire. Longtemps quand je dédicaçais ce livre, je dessinais un rat-taupe. Du coup, dans les autres romans, j’en glisse un de-ci, de-là, comme une marque de fabrique.

Les titres de vos romans sont toujours intriguants (La Variante chilienne, La Baleine thébaïde…) Comment faites-vous le choix des titres de vos romans ?
Le choix du titre fait l’objet d’une séance de brainstorming avec la maison d’édition : un titre doit raconter l’histoire, être inédit, original et susciter la curiosité ! C’est un vrai challenge … mais très amusant.

Votre tout nouveau roman Le cerbère blanc sort aux éditions Stock le 4 mars. Pouvez-vous nous en parler ?
Choyé par les siens, Mathieu vit une enfance idyllique dans la vallée de Chantebrie. Mais tout bascule le jour où il perd ses parents dans un accident tragique. C’est décidé, il consacrera sa vie à défier la mort. Il quitte sa vallée et Amandine, sa fiancée, pour suivre des études de médecine à Paris. Là, il travaillera pour un taxidermiste dont la plus belle pièce est un mystérieux cerbère blanc…
Mais peut-on vraiment oublier son passé ?
Tiraillé par ses démons, ses regrets et son ambition, Mathieu ira d’aventure en aventure jusqu’à ce lieu ultime, interdit, duquel il reviendra transformé.

Le cerbère blanc est il dans la même veine que vos précédents romans ? Y a-t-il des rats-taupes ?!
Non. J’ai essayé de construire un roman plus profond avec une histoire principale bien marquée (pas de pseudo-nouvelles comme les autres). On y parle aussi de sujets de fond ; la mort, l’amour, le pardon.
… mais chez le taxidermiste, il doit bien traîner un ou deux rats-taupes empaillés ! 😉

Propos recueillis par Babeth, 4 mars 2020

Portraits de femmes libres

Gaëlle Josse, Frédérique Deghelt et Emmanuelle Favier étaient les invitées de Lire en Poche pour une table ronde intitulée « Portraits de femmes libres ». Une rencontre passionnante racontée par Marie-France, une des modératrices.

Exofictions*, biographies romancées, portraits sensibles abondent depuis quelques années dans la production littéraire. Dans cette catégorie de roman, la frontière entre réel et fiction est toujours un peu brouillée. Toutefois, une chose est sûre, la rencontre de l’auteur contemporain avec le personnage public et plus ou moins célèbre dont il veut raconter – voire réinventer – l’histoire, dont il veut cerner au plus près le ressenti, cette rencontre n’est pas anodine. C’est une confrontation qui touche à l’intime et qui laisse des traces dans la réflexion et la sensibilité de l’écrivain.

C’est en tout cas ce qui est ressorti de l’entretien qui réunissait Gaëlle Josse, Frédérique Deghelt et Emmanuelle Favier dans le cadre du festival littéraire Lire en Poche de Gradignan.

Chacune s’est emparée de l’histoire d’une femme artiste d’une époque passée, célèbre ou méconnue de son vivant et en passe de devenir célèbre à notre époque.Lire la suite »

Petit-déjeuner littéraire avec Laurent Gaudé

Nous étions 11 autour de Laurent Gaudé pendant ce moment privilégié, 11 personnes émues, hommes et femmes, de la plus jeune au plus vieux, tous admirent Laurent Gaudé. Il arrive ébouriffé et les yeux empreints de fatigue « Je ne suis pas du matin ». Alors on va y aller en douceur, ça tombe bien parce que doux et bienveillant c’est ainsi qu’il m’apparaît. Chacun se présente, donne les raisons de sa venue. J’entends « Je suis impressionné d’être là avec vous » ou « Le soleil des Scorta : une grosse claque, j’ai toujours ce livre avec moi ». Laurent Gaudé écoute et partage avec nous ce temps suspendu. Il est heureux de voir qu’un de ses livres peut déclencher un voyage, que la littérature peut impacter une vie. Retour sur les thèmes abordés.

La liberté dans l’écriture

« Ce que j’aime c’est l’aspect jouissif d’inventer. Dans un roman on peut écrire ce que l’on veut. Ce que je ressens lorsque j’écris, c’est cette grande liberté qui n’existe pas en écrivant une pièce de théâtre ou un scénario pour le cinéma. Dans le roman, la seule boussole c’est la cohérence de son propre objet. J’ai besoin d’un cadre et d’une architecture assez précise, d’un plan, mais je ne sais pas comment le paragraphe va se terminer. Je sais à peu près où vont mes personnages, mais parfois ils prennent plus ou moins de place, et je suis surpris de voir comment ils ont évolué. »Lire la suite »