No country for old men

cormacLe titre de ce post aurait pu être Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme., comme le traduisent les Editions de l’Olivier, mais je trouve ce titre tellement mauvais que je préfère revenir à l’original.

Nous avions déjà discuté du célébrissime roman de McCarthy La route, couronné par le prix Pulizer en 2007, l’année même où sort l’adaptation de ce roman, No country for old men. Là encore, le regard porté sur la condition humaine est assez désespéré.

Alors qu’il chasse l’antilope à la frontière du Mexique, Llewelyn Moss voit aux jumelles des cadavres et des voitures abandonnés en plein désert. Les corps sont criblés de balles, un homme gît à l’agonie, une cargaison d’héroïne remplit un des coffres.  Plus loin, il découvre une serviette en cuir pleine de billets de cent dollars qu’il emporte.
S’ensuit alors une véritable chasse à l’homme. Des trafiquants de drogue, un tueur à gages, un shérif, un ancien officier des Forces spéciales, tous se mettent à la recherche de Moss, pour le protéger ou lui faire la peau.
C’est là que se révèle le talent de McCarthy.  Une écriture brute, sans fioritures. La justesse des dialogues. Ce brin de nostalgie, aussi, lorsque le vieux shérif, le viel homme du titre, se remémore l’Amérique de ses ancêtres. Et le personnage de Chigurh, le tueur à gages, sans conteste notre personnage préféré.

Marisa

Une partie de chasse

Repêché pour vous dans Le Monde des livres du 12 octobre dernier, l’excellent article de Jean Birnbaum dont je vous livre quelques morceaux choisis :

« …Agnès Desarthe entraîne son lecteur dans une battue tragi-comique. On y entend la complainte intérieure d’un lapin qui a eu le malheur de quitter son gîte : « Je suis si petit, si mignon. Quel dommage. L’homme qui me ramasse me ressemble. Nous nous regardons. Son pouce est sur mon cœur qui bat encore. Il pleure. » Mais aussi les mots que Tristan, son bourreau involontaire, murmure pour le réconforter : « petit lapin, tu ne connaîtras jamais la victoire sur l’absurde, celle que nous accomplissons chaque jour, à chaque seconde de notre existence ». Et puis enfin, les grossièretés dont l’abreuvent ses camarades de chasse pour l’intégrer à leur confrérie de mensonges et de vanité…Tristan, voilà un héros pascalien. Profondément inadapté, il n’est nulle part chez lui, et c’est contraint et forcé qu’il finit lui aussi par creuser son terrier, par faire son trou… »

On retrouve dans cet opus d’Agnès Desarthe – dont on aime tous les livres- les phrases courtes, vives, l’humour et la sagesse. Un regard tendre et lucide sur nos contemporains et leurs dérisoires travers.

Hélène

Les âmes soeurs

Valérie Zenatti, Editions de l’Olivier, 2012

Voici un très joli récit, de ceux qui laissent dans un coin de la tête des images, des impressions légères et douces. L’amour et l’amitié passés au crible d’un quotidien qui parfois lasse…

Emmanuelle, la narratrice, est plongée dans un livre qui raconte l’histoire de Malik et Lila. Au fil de sa lecture, Emmanuelle entreprend un voyage intérieur, une journée buissonnière qui va la voir s’interroger sur ses amours, ses amies, ses enfants et va réveiller des fantômes endormis.

Deux textes s’entrecroisent et se répondent composant un chant subtil servi par une écriture gracieuse.

« Sur la pointe des pieds, elle entra dans la chambre de Gary et contempla ses lèvres charnues, l’arrondi de sa joue et ses mèches bouclées en soleil sur l’oreiller. Elle s’attarda devant le lit de Sarah déjà découverte, sur le dos, la tête rejetée vers l’arrière, si fragile et profonde à la fois, comme prête à s’envoler vers une destination lointaine dont elle ne reviendrait peut-être jamais, puis,  elle se pencha vers le lit de Tim qui dormait la bouche ouverte, une trace de salive brillait sur sa joue jusqu’à la tétine qu’il avait lâchée, et comme chaque soir elle fut bouleversée par l’abandon extrême des petits corps, par la perfection de leur peau, le trait délicat des cils, le mélange de confiance et de vulnérabilité qui émanait de chaque visage, et elle sentit monter en elle un mélange d’extase, de gratitude et de terreur. »

Hélène

Extrêmement fort et incroyablement près

De Jonathan Safran Foer, Editions de l’Olivier, 2006

L’Amérique n’en finit pas de « penser » ses plaies après le traumatisme du 11 septembre 2001. Dans ce deuxième roman publié en 2005 aux Etats-Unis, Jonathan Safran Foer imagine l’histoire d’un jeune new-yorkais de 9 ans, Oskar Schell, dont le père est mort dans l’attentat des Twin Towers.

Dans un vase laissé par son père, Oskar trouve une enveloppe sur laquelle est inscrit le mot « Black » à l’encre rouge. A l’intérieur, une clé. Habitué à résoudre des énigmes pour s’amuser, Oskar décide de partir à la recherche de la serrure qu’ouvre cette clé.
En trouvant la serrure correspondante, Oskar est persuadé que sa quête apportera une réponse au message laissé par son père disparu.Lire la suite »