Un poisson sur la lune

« Le problème de Jim, c’est qu’il n’arrive pas à entrer dans sa propre vie, et il va laisser ce problème en héritage. »

David Vann n’a que 13 ans lorsque son père se suicide d’un coup de revolver dans la tempe, deux semaines après que son fils ait refusé de partir vivre avec lui quelque temps en Alaska.

Longtemps hanté par ce drame, David Vann avait évoqué la relation entre un père et son fils dans Sukkwan Island, roman qui l’avait révélé au public français (Prix Médicis 2010). Il avait imaginé alors l’histoire d’un fils partant vivre en Alaska avec son père. Une façon peut-être d’expier sa faute, de s’alléger de sa culpabilité.

Cette fois-ci, dans Un poisson sur la lune, David Vann s’attaque au coeur du problème. Il donne la parole à son père et lui offre le premier rôle de ce roman, trois jours avant son suicide.
D’une plume féroce, sans concession, l’écrivain américain raconte la tentative désespérée d’un homme parvenu aux limites de sa vie. Profondément dépressif, Jim Vann accepte de quitter l’Alaska trois jours afin de commencer un traitement et retrouver les siens.

« Et si rien de tout ceci n’avait existé ? Si chaque vie avait été imaginée différemment ? Il aurait eu une chance. Cette version ne lui convient pas. »

Même si nous connaissons la fin tragique de cette histoire, nous sommes happés par ce roman, projetés dans la tête de Jim, prisonniers du flot de ses pensées obsédantes, parfois euphoriques, profondément désespérées. Tout en ressentant de la pitié et du dégoût pour cet homme, on se surprend à souhaiter une issue favorable à ce récit. Pourtant, au fil des pages, le drame se dessine, inéluctable.

Marisa, 17 mars 2019

Lectures sous le sapin…

Qu’offrir à Noël à vos proches, ou que demander au Père Noël ? Nous avons fait une petite sélection pour vous…

charlotte-david-foenkinos-liseuses-de-bordeauxÉdith vous conseille une très belle édition de Charlotte de David Foenkinos parue chez Gallimard et illustrée par les œuvres et des photos de Charlotte Salomon.
« Comme le plus grand intérêt de ce livre était de redécouvrir cette peintre formidable, autant ne pas s’en priver ! »

david-vann-liseuses-de-bordeauxFlorence vous invite à découvrir David Vann à travers deux de ses romans : Sukkwan Island qui l’a révélé en France et Derniers jours sur terre, enquête littéraire fascinante et glaçante sur un tueur…
« David Vann n’a pas son pareil pour sonder l’âme humaine. Ses romans se dévorent en quelques heures ! »

l-amour-et-les-forets-eric-reinhardt-liseuses-de-bordeauxBabeth propose L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt. Prix Renaudot des lycéens 2014, meilleur roman français selon le magazine Lire.
« Ce roman nous accroche et on ne le lâche plus… jusqu’à la fin. Le destin tragique de Bénédicte nous est conté comme une intrigue. Après avoir raconté à un romancier l’enfer que son mari lui impose, Bénédicte disparaît. Le narrateur se met alors en quête de la retrouver et va découvrir une autre partie de sa vie. Un très beau portrait de femme contemporaine et une étude psychologique à couper le souffle. »

delphine-roux-kokoro-liseuses-de-bordeauxMarisa ne tarit pas d’éloge sur Kokoro de Delphine Roux, paru chez Piquier.
« Original et poétique, ce récit aborde avec délicatesse la question du deuil et rend magnifiquement hommage aux liens unissant un frère et une sœur. »

Laetitia choisit La terre qui penche de Carole Martinez, paru chez Gallimard en 2015.
« C’est un vrai bonheur que de retrouver l’écriture si particulière de Carole Martinez dans ce nouveau roman. L’auteur nous fait voyager entre conte et mythes, à travers la voix d’une vieille âme, qui raconte le fil de son enfance et ce qu’elle voit encore bien après avoir quitté la vie à l’age de 12 ans, en 1361.la-terre-qui-penche-carole-martinez-liseuses-de-bordeaux
Ce beau roman nous plonge dans l’univers du Moyen Âge, en un langage des plus imagés, poétiques et savoureux. On y découvre un lexique de ces vieux mots un peu oubliés… On chemine avec Blanche, dans une vie pleine d’adversités, et de rudesse, où les filles ne choisissent pas leur destin. On palpite de sa résistance, ses élans de vie, et la douceur qu’elle découvre en elle. Magnifique… »

vies-minuscules-pierre-michon-liseuses-de-bordeauxMarie-France recommande aux amoureux d’une langue ciselée dans la simplicité et aux âmes sensibles frappées par la grandeur des vies anonymes le livre de Pierre Michon Les vies minuscules.

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Bérengère propose Le collier de la colombe d’Ibn Hazm. Ce poète arabo-andalou du XIème siècle évoque à travers de nombreux poèmes toutes les aventures d’une relation amoureuse. « De l’amour et des amants, quoi de mieux pour finir l’année qu’un peu d’érotisme, de chaleur et d’amour… »