Le passager, de Cormac McCarthy

Ce roman publié par Cormac McCarthy seize ans après son dernier livre, et juste avant Stella Maris, est tel la somme d’un tout qui n’est pas toujours identifiable tant de directions et de pistes sont empruntées sans qu’aucune ne soit véritablement nommée ni refermée. Bobby Western traverse littéralement cette « somme ». Il est à l’intersection de chaque morceau d’histoire qui se tisse autour de lui sans que jamais il ne parvienne à y adhérer vraiment. Quel nom déjà : « Bobby Western » ! Un nom de lonesome cowboy et c’est bien ainsi qu’il apparaît au lecteur, ombre de lui-même depuis qu’il a perdu sa sœur qu’il s’est empêché d’aimer d’un amour total, transcendant les liens fraternels. On ne voit en effet pour ainsi dire de lui durant tout le roman que l’ombre derrière laquelle Cormac McCarthy l’abrite comme pour lui épargner un surplus de réalité qui n’a plus aucune résonance pour lui.

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Stella Maris, de Cormac McCarthy

Stella Maris, roman de Cormac McCarthy publié en France deux petits mois à peine après Le passager du même auteur, et préquel de celui-ci, constitue une œuvre à part à plusieurs niveaux. Le premier tient à la « stratégie de publication » quasi simultanée de ces deux romans. Stella Maris, publié juste après Le passager, vient en effet en éclairer le propos et les personnages d’un jour manifestement plus net… Je dis « manifestement » car pour ma part je n’ai pas encore lu Le passager mais entendu certains critiques dire qu’ils l’auraient peut-être mieux apprécié s’ils avaient lu Stella Maris avant.

L’originalité de ce roman tient ensuite, de manière indéniable, à sa forme. Stella Maris est en effet un roman sans narration qui consiste uniquement dans la transcription de neuf séances d’entretien entre une patiente et son thérapeute au sein de l’établissement psychiatrique de « Stella Maris » dans lequel Alicia est venue « trouver refuge », ou « se livrer » pourrait-on dire, presque comme on se livrerait aux forces de l’ordre…

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No country for old men

cormacLe titre de ce post aurait pu être Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme., comme le traduisent les Editions de l’Olivier, mais je trouve ce titre tellement mauvais que je préfère revenir à l’original.

Nous avions déjà discuté du célébrissime roman de McCarthy La route, couronné par le prix Pulizer en 2007, l’année même où sort l’adaptation de ce roman, No country for old men. Là encore, le regard porté sur la condition humaine est assez désespéré.

Alors qu’il chasse l’antilope à la frontière du Mexique, Llewelyn Moss voit aux jumelles des cadavres et des voitures abandonnés en plein désert. Les corps sont criblés de balles, un homme gît à l’agonie, une cargaison d’héroïne remplit un des coffres.  Plus loin, il découvre une serviette en cuir pleine de billets de cent dollars qu’il emporte.
S’ensuit alors une véritable chasse à l’homme. Des trafiquants de drogue, un tueur à gages, un shérif, un ancien officier des Forces spéciales, tous se mettent à la recherche de Moss, pour le protéger ou lui faire la peau.
C’est là que se révèle le talent de McCarthy.  Une écriture brute, sans fioritures. La justesse des dialogues. Ce brin de nostalgie, aussi, lorsque le vieux shérif, le viel homme du titre, se remémore l’Amérique de ses ancêtres. Et le personnage de Chigurh, le tueur à gages, sans conteste notre personnage préféré.

Marisa