Les terres indomptées de Lauren Groff

Les terres indomptées, de l’écrivaine américaine Lauren Groff, est à la fois un roman d’aventures, une fable écologique et féministe, une fiction historique. 

 Le grand intérêt du roman réside avant tout dans l’écriture magnifique et dense, nourrie de métaphores, qui emprunte son rythme et certaines tournures à la langue anglaise du 17e siècle, la langue de Shakespeare. Texte remarquablement traduit par la traductrice Carine Chichereau qui s’est particulièrement attachée à la musique du texte de Lauren Groff pour l’exprimer en français. C’est une langue propre à jeter des ponts entre réalité et surnaturel. Elle donne vie à l’imaginaire et traduit la symbiose entre les différentes formes du vivant. 

 Transporté par cette langue pleine de vitalité, le lecteur accompagne, tout au long des 250 pages du roman, une jeune fille dans sa course éperdue. Pour échapper à la violence des hommes, celle-ci s’est engagée dans une contrée sauvage où se déploie une nature écrasante et inviolée, juste peuplée ici et là par quelques tribus indigènes, le peuple de ces lieux, qui y ont trouvé leur place.  

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Le mur invisible

Si je devais choisir des livres pour l’originalité de leur propos, Le mur invisible ferait sans nul doute partie de ma sélection. Ecrit en 1963 par Marlen Haushofer (1920-1970), ce roman est un chef d’œuvre insolite d’une étonnante modernité.

Le propos. Alors qu’elle passe un séjour enchanteur dans les Alpes autrichiennes, une femme se retrouve isolée dans un chalet. Durant la nuit, un phénomène étrange est apparu, bouleversant à jamais son existence : un mur transparent se dresse désormais à proximité de la propriété, la séparant du reste du monde. De l’autre côté du mur invisible, la vie s’est figée. Que va-t-elle devenir ? Comment va-t-elle survivre ?

Une héroïne forte. Alors que beaucoup auraient baissé les bras, soupiré à fendre l’âme, soufflé dans leurs joues, pleuré et re-pleuré de désespoir, cette femme fait le choix d’affronter sa nouvelle condition, de survivre coûte que coûte. Rien que cela. Entourée d’animaux dont elle a désormais la charge, elle garde au fond d’elle-même un espoir ténu qui la fait tenir debout : si elle est vivante, d’autres doivent également l’être, quelque part, et peut-être sont-ils déjà partis à sa recherche.

Un cadre enchanteur, une héroïne forte, une dose d’espoir qui fait vivre… Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman une expérience de lecture hors du commun. Ce livre n’appartient certainement pas à la catégorie des feel good books, mais il a l’avantage d’être profondément humain.

Marisa, 24 janvier 2018