Badjens, de Delphine Minoui

Avec son dernier roman Badjens, Delphine Minoui nous parle d’un Iran d’aujourd’hui où les jeunes femmes ont entrepris un soulèvement pour faire entendre leur voix, pour être respectées au même titre que les hommes, pour avoir le choix de porter ou non leur foulard.

Comme nous l’a dit l’autrice au salon Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, ce roman, c’est un pas de côté par rapport à son métier de journaliste. Il y a d’abord un propos, le port du voile obligatoire en Iran, et après elle a tissé un fil imaginaire grâce à la fiction pour raconter l’histoire de cette jeune fille.

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Suffit-il d’observer pour connaître ?

Tibi la Blanche d’Hadrien Bels

C’est dans un camp naturiste que j’ai lu Tibi la Blanche. Là où aucun corps ne se ressemble, où chacun s’accepte tel qu’il est. Blanc, noir, grassouillet ou maigrichon. Dakar est bien loin de moi, et je ne suis jamais allée en Afrique. Je ne connais pas grand chose des coutumes et de la culture sénégalaise. Je découvre dans ce roman une nouvelle génération en questionnement sur son pays et un rapport à la France en mutation. Hadrien Bels est marseillais (ville qui était au cœur de son premier roman). Il a épousé une sénégalaise soninkée et c’est en vivant à Dakar avec sa belle-famille pendant le confinement, que ce roman Tibi la Blanche est né. Tibi, pour Tibilé, qui veut fuir Dakar et partir étudier en France après son bac. Hadrien Bels dit que c’est une résistante, elle est comme les français, elle se met en grève tout le temps !  Alors que Tibi est Soninkée, Issa est Peul. Pour lui seule compte la mode. Sa meilleure amie c’est sa machine à coudre qui lui permettra de devenir styliste. Il représente l’Afrique qui inspire le monde car Dakar est une ville en ébullition culturellement et artistiquement dans cette période post COVID. Et Neurone, comme son surnom l’indique, c’est l’intello de la bande. Il est amoureux de Tibi mais c’est un Diola. Plusieurs ethnies cohabitent ensemble dans le quartier où ils ont grandi mais les choses se compliquent dès que l’on parle de mariage.

Un Diola ne se marie pas avec une Soninkée. A la limite, un homme Soninké pourrait se marier avec une Diola. Et encore, entre deux ruelles bien sombres. Les traditions déteignent trop, dans la bassine du mariage. La communauté Soninkée est une armoire bien rangée : les nobles avec les nobles, les forgerons avec les forgerons, les esclaves avec les esclaves, les marabouts et les griots entre eux. Et c’est la cuisine des femmes de faire en sorte qu’il n’y ait pas de mélange. Elles s’occupent de marier leurs filles ou de choisir pour leur garçon. Un plan pour chacun. S’il y a de l’amour tant mieux s’il n’y en a pas, on dit que « l’amour vient après.

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Offrez des livres ! Ils s’ouvrent comme des boîtes de chocolats et se referment comme des coffrets à bijoux

Quelle belle accroche ! Comme Bernard Pivot, je suis d’avis qu’offrir des livres reste toujours (ou presque) une excellente idée. D’autant plus en cette période de fêtes où trouver le cadeau idéal reste pour la majorité d’entre nous, un énorme casse-tête. Opter pour un livre reste un choix engagé, tout particulièrement quand on décide de l’offrir à un enfant. Le monde de la littérature jeunesse regorge d’albums en tout genre, tous plus attrayants les uns que les autres et il peut être difficile de s’y retrouver. Donc si vous êtes enchanté par la littérature jeunesse ou simplement en panne d’idées pour vos enfants ou petits-enfants, cet article est fait pour vous. Vous y trouverez des auteurs et maisons d’édition qui ont retenu mon attention.

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Souvenirs dormants


« Paris, pour moi, est semé de fantômes, aussi nombreux que les stations de métro et tous leurs points lumineux, quand il vous arrivait d’appuyer sur les boutons du tableau de correspondances. »

Où s’en vont les visages et les voix des personnes rencontrées dans le passé, lorsqu’elles sont hapées dans le gouffre de l’oubli ?

Inlassablement, Patrick Modiano continue dans Souvenirs dormants son travail d’introspection mémorielle, évoquant le Paris de sa jeunesse. Cette fois, les figures féminines refont surface, fantômes qui hantaient déjà, pour certains, les romans plus anciens de l’auteur.
Les souvenirs fugaces liés à ces femmes surgissent du néant, au détour d’une rue, exhumés devant la façade d’un immeuble, dans un café, ravivés par la lecture d’une dédicace ou d’une note griffonnée à la hâte à l’encre bleue.

Petites bulles de passé éclatant sous l’effet du hasard, ces morceaux de mémoire constituent un magnifique hommage à Paris, lui redonnant un peu de son âme perdue.

Marisa, 4 novembre 2019