Rencontre en petit comité avec Gaelle Nohant au salon Lire en Poche

Cette année, j’ai eu le grand plaisir de pouvoir modérer le petit déjeuner littéraire entre Gaelle Nohant et les dix participants de cette rencontre. Le thème du salon était « Exils ».

Ce thème est souvent abordé dans ces romans. Notamment dans La femme révélée où son personnage principal doit quitter son pays, ses racines, et son fils pour sauver sa vie. Son dernier livre, Le bureau d’éclaircissement des destins, s’y consacre savamment. Irène, enquêtrice française à l’ITS de Bad Arolsen en Allemagne, se voit confier pour mission de restituer les objets retrouvés sur les camps de concentration aux descendants des victimes. Une mission fastidieuse qu’elle accomplira avec beaucoup d’humanité et qui la conduira sur les traces de ces hommes et femmes disparus tragiquement. Un roman qui est vrai historiquement, Gaelle Nohant ayant lu plus de deux cents ouvrages afin qu’il n’y ait aucune marge d’imprécisions. Un engagement envers son lectorat mais surtout envers les descendants des victimes.

Gaelle Nohant a pu nous raconter les coulisses de ce livre qu’elle a commencé à écrire en 2020. A l’époque, Gaelle Nohant prévoit un voyage sur place pour s’imprégner de l’atmosphère, élargir ses recherches afin de construire son roman. Le confinement va bloquer ce projet et c’est à distance mais en lien très régulier avec l’institut, et notamment, une enquêtrice, que l’histoire va se déplier.  Gaelle Nohant, vers la fin de sa rédaction et avec la levée des mesures sanitaires, pourra faire ce grand voyage. Elle nous raconte son arrivée de nuit dans cette ville sombre et cernée de forêts, la place du château de la ville et sa stature imposante. Ce château qui a servi à loger les Waffen SS durant la guerre. Elle nous raconte sa rencontre avec l’enquêtrice qui ressemble beaucoup à Irene, son personnage principal.

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La chambre verte ou la chute de la maison Delorme

La chambre verte ou la chute de la maison Delorme, par Martine Desjardins
La Chambre verte ou La chute de la maison Delorme
est l’histoire d’une maison de famille qui décrit la décadence d’une famille cupide, les Delorme, jusqu’à sa fin. L’originalité de ce récit réside dans le choix de l’auteur de faire de la maison la narratrice. En effet, elle est le témoin privilégié des secrets, des vices et des habitudes de ses habitants. Ces derniers composent une galerie de personnages aussi loufoques que haïssables. Le patriarche Louis-Dollard a amassé une fortune dont son fils refuse l’héritage. Ses deux sœurs sont des vieilles filles ayant chacune leur obsession. Tous les membres de la famille ont, cependant, un point commun : leur univers tourne autour de l’argent. C’est dans ce contexte que Penny Sterling arrive. La jolie jeune fille n’est pas tout à fait honnête mais a de la répartie. La chute est proche. L’auteur, Martine Desjardins, brosse le portrait de cette famille avec un humour vif et caustique, ce qui rend le récit très agréable à lire.

Bérengère, 10 février 2020

Là-haut, tout est calme

Là-haut, tout est calme de Gerbrand Bakker

Le décor. Une ferme familiale du nord de la Hollande.

Le drame inaugural. Après la mort prématurée de son frère jumeau Henk, Helmer est sommé par son père d’abandonner ses études et de rentrer d’Amsterdam pour reprendre l’exploitation familiale destinée à Henk, le fils préféré. Son existence s’écoule au rythme de la ferme, les tâches se répètent au fil des saisons. Et le temps passe, inexorablement.

L’élément déclencheur. Au début du récit, Helmer a 55 ans. Il vit avec son père grabataire dans une solitude extrême. Jusqu’à ce qu’un événement perturbe le paisible écoulement des jours. Ce matin-là, Helmer décide de prendre sa vie en main. Son premier geste sera de déplacer son père à l’étage, dans la chambre du haut. Une décision qui marquera sa renaissance.

Pourquoi on aime ce roman. Parce que Gerbrand Bakker est un orfèvre. Il prend le temps d’installer le décor, de donner corps à ses personnages et diffuse avec soin l’atmosphère si particulière que dégage ce roman. En littérature, peu nombreux sont les auteurs qui s’autorisent un tel luxe. En déroulant soigneusement son récit, sans bruit ni fracas, l’auteur explore avec justesse le thème du deuil, du devoir filial et des relations familiales, des sujets délicats qui nécessitent beaucoup de subtilité et de finesse, tant dans l’écriture que dans ses silences.

Marisa, juin 2019