Les terres indomptées de Lauren Groff

Les terres indomptées, de l’écrivaine américaine Lauren Groff, est à la fois un roman d’aventures, une fable écologique et féministe, une fiction historique. 

 Le grand intérêt du roman réside avant tout dans l’écriture magnifique et dense, nourrie de métaphores, qui emprunte son rythme et certaines tournures à la langue anglaise du 17e siècle, la langue de Shakespeare. Texte remarquablement traduit par la traductrice Carine Chichereau qui s’est particulièrement attachée à la musique du texte de Lauren Groff pour l’exprimer en français. C’est une langue propre à jeter des ponts entre réalité et surnaturel. Elle donne vie à l’imaginaire et traduit la symbiose entre les différentes formes du vivant. 

 Transporté par cette langue pleine de vitalité, le lecteur accompagne, tout au long des 250 pages du roman, une jeune fille dans sa course éperdue. Pour échapper à la violence des hommes, celle-ci s’est engagée dans une contrée sauvage où se déploie une nature écrasante et inviolée, juste peuplée ici et là par quelques tribus indigènes, le peuple de ces lieux, qui y ont trouvé leur place.  

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Camille va aux anniversaires d’Isabelle Boissard

C’est après avoir lu La petite bonne de Bérénice Pichat, chaudement recommandé par Pauline il y a quelques semaines de cela, que je me suis intéressée à la toute récente maison d’édition Les Avrils (2020) et qu’en flânant sur leur site Internet, je suis tombée sur Camille va aux anniversaires d’Isabelle Boissard. Ce qui m’a immensément plu déjà en parcourant ce site est que chaque roman publié par cette maison y est présenté avec « l’intention de l’auteur » décrite en quelques lignes. Et l’intention d’Isabelle Boissard m’a donné envie de découvrir ce roman dont je ne résiste pas à vous livrer tout de suite un extrait qui en donne le ton :

« Comme il y a des scènes de la vie conjugale, il y a des scènes de la vie amicale. On ne fait pas de thérapie entre amis et pourtant. En amitié aussi, il y a ceux qui aiment plus, qui donnent plus, ceux qui sont bourreaux, ceux qui sont victimes, il y a ceux qui gagnent, ceux qui perdent, ceux qui admirent, ceux qui sont admirés. Le problème avec l’amitié, c’est le polyamour. »

Dit autrement, Isabelle Boissard prend résolument dans ce roman le point de vue du satiriste qui va nous chercher jusque dans nos derniers retranchements et quel meilleur dernier retranchement que l’amitié ? Si ce rempart cède aussi, autant dire que la nappe est embarquée avec les couverts et qu’il n’y a plus de saint auquel se vouer… Précisément, ce à quoi nous confronte I. Boissard au travers du personnage de Camille, c’est que même en amitié, la compétition, la performance, le narcissisme sont là, tapis dans une ombre plus claire qu’obscure, prêts à nous donner dans ce domaine aussi une bien piètre image de nous-mêmes. Piètre mais tellement juste et drôle. En somme, que ce soit en amour ou en amitié, I. Boissard nous montre que l’autre reste désespérément celui dont

« …. on attend une validation, une réponse à la question « qu’est-ce que je vaux ? »

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