Têtes hautes, de Cathy Ytak

J’avoue : si on me met un livre de Cathy Ytak entre les mains, j’y vais sans réfléchir. L’avantage de la connaître un peu et de beaucoup l’apprécier. Et si en plus ça parle de lutte féministe à une époque (nous sommes en 1924) où les femmes n’avaient pas leur mot à dire : alors j’y vais franco !

Têtes hautes pour parler de jeunes filles vivant en Bretagne, et qui « dès qu’elles sont en âge de porter une coiffe » vont travailler sans compter leurs heures dans une conserverie. C’est le cas de deux sœurs : Yarik et Angèle. Têtes hautes pour parler également d’Irina et de ses filles, Carol et Suzanne. Elles sont bourgeoises, vivent à Paris, n’ont pas de souci pour manger ou s’habiller, mais elles ont aussi, à leur manière, un grand besoin d’indépendance. Que ce soit par la volonté de travailler comme un homme, la façon de s’habiller ou le refus d’épouser un bon parti, elles veulent être libres de leurs choix. Alors qu’Angèle doit partir travailler à Paris au service d’Irina comme domestique, Yarig s’engage avec les autres penn sardin dans une grève pour qu’elles cessent d’être exploitées.

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Sans armure

Ce texte court est un concentré d’émotions. Pour raconter la vie de Brune, Cathy Ytak démarre son récit par une dispute. Yannick va chercher à retrouver l’être aimée en se tournant vers son passé. Brune n’est pas une fille comme les autres. C’est un maillon faible qui s’est protégé en se fabriquant une armure « indispensable quand on est trop sensible dans un monde qui ne l’est pas assez ». Ses parents étaient déjà hors normes, vivant dans la forêt. Mais en l’envoyant à l’école, ils ne se rendent pas compte du décalage entre leur fille et les autres enfants. Son monde à elle est fait de couleurs et de connexions avec la nature. C’est un livre sur les différences. L’auteur évoque la synesthésie, le métissage, l’homosexualité, le handicap avec délicatesse.

Sans armure n’est pas un texte sorti sans douleurs. Cathy Ytak l’a repris alors qu’elle le croyait en perdition. De bonnes rencontres au bon moment lui ont permis d’aller au bout de ce projet. Cela donne un texte dense et sensible où je trouve des similitudes avec l’écriture de Jeanne Benameur. A lire sans tarder.

Babeth, 2 janvier 2021