Les ombres blanches de Dominique Fortier

Qu’y a-t-il après la mort ? Que devient-on ? Que reste-t-il de nous ?

Ces questions, Emily Dickinson n’a cessé de se les poser toute sa vie et dès son plus jeune âge. Faisant face à de nombreux deuils, la « menace grandissante » de la mort l’a tourmentée jusque dans ses poèmes.

« Elle est morte- c’est ainsi qu’elle est morte ;

Quand elle n’a plus eu de souffle,

A ramassé ses vêtements

Et est partie vers le soleil »

Emily est décédée à 55 ans, en ayant publié seulement une douzaine de poèmes de son vivant.

Les ombres blanches fait référence aux proches de la défunte et notamment aux quatre femmes qui ont eu un rôle majeur dans la reconnaissance du travail d’Emily Dickinson telle que nous le connaissons aujourd’hui.

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Perséphone de Benjamin Carteret

« Fille de Terre, 

Gardienne, Feu, 

Relève-toi. Tu dois te dresser

 D’une posture royale, fière, sacrée,

Dans la plaine où Terre autrefois féconde

A accouché du monde. Que naisse

La Reine Perséphone. Ton

Royaume s’ouvre

A Toi. »

Quoi de mieux qu’un champ de coquelicots pour y apposer la couverture de ce superbe primo-roman. Les connaisseurs y verront l’emblème de la déesse du printemps, la célèbre Perséphone.

Connaissez-vous son mythe ? Cette jeune déesse chthonienne grecque, nommée Koré, née des liaisons incestueuses de Déméter et Zeus, deviendra Perséphone, reine des enfers en épousant le non moins célèbre Aidoneus (Hadès). Les saisons étant régulées par Déméter, quand sa fille disparait dans les enfers après son enlèvement par Hadès, un long hiver s’installe sur la Terre. Le retour de Perséphone auprès de sa mère annonce le retour du printemps.

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Petit pays de Gaël Faye

Un roman, sorti en 2016 aux Editions Grasset et Fasquelle, que j’ai trouvé à la fois poignant, drôle aussi parfois… et très perturbant. Roman qui m’a laissée soufflée et sans voix à sa fermeture. 

Il était une fois une guerre civile, une haine qui monta insidieusement et de façon incompréhensible entre 2 peuples cousins, les Tutsis et les Hutus, du génocide qui en découla et qui brisa la vie de milliers et de milliers de personnes ainsi que celles de leurs familles dans les années 93-94… juste à cause de la forme d’un nez, selon le papa de Gaby, le narrateur, vraiment, c’est sérieux, c’est possible ça ?

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La Végétarienne de Han Kang

Un drôle de titre quand même, et à mon sens un titre un peu réducteur… Je l’avoue, cela a contribué au fait que je découvre cette auteure coréenne Prix Nobel de littérature 2024 par Impossibles adieux (Prix Médicis 2023) avant de poursuivre mon exploration de son univers par ce roman-ci. Sont tour à tour convoqués, pour caractériser le style de HAN KANG, prose poétique et réalisme magique ainsi que la figure d’Haruki Murakami. 

Je ne me prononcerais pas sur la comparaison avec Murakami qui à certains égards ne me semble pas si juste mais je ne résiste pas à tracer un parallèle avec son dernier roman, La cité aux murs incertains. Alors qu’il y propose une vision marquante de la frontière entre réel et irréel en disant que oui, cette frontière existe mais qu’elle est incertaine et change constamment à la façon d’un être vivant, la même image s’avère parfaitement appropriée pour résumer la conception de la frontière entre normalité et anormalité qu’Han Kang nous livre dans La végétarienne. La frontière existe certes, mais elle est ténue, labile, mouvante. 

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