Valérie Zenatti, Editions de l’Olivier, 2012
Voici un très joli récit, de ceux qui laissent dans un coin de la tête des images, des impressions légères et douces. L’amour et l’amitié passés au crible d’un quotidien qui parfois lasse…
Emmanuelle, la narratrice, est plongée dans un livre qui raconte l’histoire de Malik et Lila. Au fil de sa lecture, Emmanuelle entreprend un voyage intérieur, une journée buissonnière qui va la voir s’interroger sur ses amours, ses amies, ses enfants et va réveiller des fantômes endormis.
Deux textes s’entrecroisent et se répondent composant un chant subtil servi par une écriture gracieuse.
« Sur la pointe des pieds, elle entra dans la chambre de Gary et contempla ses lèvres charnues, l’arrondi de sa joue et ses mèches bouclées en soleil sur l’oreiller. Elle s’attarda devant le lit de Sarah déjà découverte, sur le dos, la tête rejetée vers l’arrière, si fragile et profonde à la fois, comme prête à s’envoler vers une destination lointaine dont elle ne reviendrait peut-être jamais, puis, elle se pencha vers le lit de Tim qui dormait la bouche ouverte, une trace de salive brillait sur sa joue jusqu’à la tétine qu’il avait lâchée, et comme chaque soir elle fut bouleversée par l’abandon extrême des petits corps, par la perfection de leur peau, le trait délicat des cils, le mélange de confiance et de vulnérabilité qui émanait de chaque visage, et elle sentit monter en elle un mélange d’extase, de gratitude et de terreur. »
Hélène